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Les clés

Le team building, EST-CE POUR MON ÉQUIPE ?

Les clés | publié le : 21.04.2015 | Sabine Germain

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Le team building, EST-CE POUR MON ÉQUIPE ?

Crédit photo Sabine Germain

GESTION D’ÉQUIPE. Le team building permet de faire émerger ou de renforcer une dynamique d’équipe. Mais en aucun cas de régler les problèmes d’un collectif déjà délité. Mode d’emploi.

En vingt ans de carrière dans un groupe industriel américain, Denis en a connu, des expériences de team building, « des plus banales aux plus loufoques ». Le meilleur souvenir de ce directeur commercial reste le challenge de deux jours qu’il a organisé dans les gorges de l’Ardèche, il y a une quinzaine d’années, « avec course d’orientation, descente de la rivière en canoë et bivouac au fond des gorges. Nous prenions vraiment plaisir à être ensemble, se souvient-il avec nostalgie. Avec mon équipe de dix collaborateurs de fonctions et de niveaux différents, nous avons noué des liens qui nous ont permis de mieux travailler ensemble ».

Un bon temps révolu ? « Avec la crise, tous ces budgets sont passés à la trappe. De toute façon, vu la pression qu’on nous met, ça ne pourrait plus fonctionner, commente-il, désabusé. Le team building peut consolider un groupe qui fonctionne bien. Mais l’exercice est très « casse-gueule » avec un groupe sous tension. »

Un point de vue partagé par la plupart des spécialistes : « Nous ne sommes pas des magiciens !, assure Stéphane Waller, fondateur du cabinet de formation et de coaching Meltis. On ne règle aucun problème avec du team building. Mais on peut aider une équipe à se créer ou à se renforcer. » Inutile, donc, de lui parler d’un séminaire pour ressouder un collectif délité : « Mieux vaut miser sur le coaching, individuel ou collectif. »

Il est donc essentiel, avant de lancer un projet de team building, de s’interroger sur le but recherché : créer du lien au sein de son équipe ? Améliorer la communication interpersonnelle ? Développer l’efficacité au travail ? De l’objectif découle le programme : « Il doit avoir une dimension ludique et être déconnecté de l’univers de travail », poursuit Stéphane Waller, qui conseille, dans tous les cas, de recourir à un professionnel de l’animation.

Car le jeu n’est qu’un support : c’est la façon dont les participants le vivent qui importe. « Cet exercice a le mérite de placer toute l’équipe dans une situation analogue : avoir vécu la même expérience rend le débriefing particulièrement intéressant. » Qui a refusé de collaborer ? Qui a pris le leadership ? Comment les autres ont-ils réagi ? Quelles résistances sont apparues ? Quels effets ont eu le stress et les événements impromptus ?

L’animateur a un rôle de médiateur, qui peut faire émerger des vérités difficiles à entendre pour l’équipe… et encore plus difficiles à énoncer pour son manager. Ce dernier peut éventuellement, en toute fin de session, établir des comparaisons avec les situations de travail. Mais il doit laisser l’animateur jouer son rôle de régulateur neutre et bienveillant.

Préserver la dynamique

Il doit également s’assurer qu’aucune diversion ne viendra perturber le déroulement du séminaire : « Il faut que les participants entrent dans le jeu », observe Stéphane Waller. C’est pourquoi il est important de sortir du cadre habituel de travail et de laisser les téléphones, les ordinateurs et les projets en cours dans sa chambre d’hôtel. « La mayonnaise de la dynamique ne demande qu’à retomber. Il faut savoir la préserver. »

Et rester dans nos codes culturels de coq gaulois, volontiers sceptique et contestataire. Les exercices issus des techniques anglo-saxonnes de psychologie comportementale ont clairement du mal à passer en France. Consultante dans une grande agence de communication, Élodie garde un souvenir « pénible » du séminaire « façon psy de supermarché » dans lequel elle a été embarquée l’an passé : « Une demi-journée à éprouver notre confiance réciproque en se laissant tomber en arrière, les yeux fermés, dans les bras de son partenaire. Risible en soi, l’exercice était d’autant plus pénible que, précisément, nous n’avions aucune confiance les uns envers les autres. Imposer cette épreuve à une équipe en crise est aussi ridicule que contre-productif. »

Enfin, sur ce marché à la croisée entre formation, événementiel et parfois développement personnel, il faut sélectionner soigneusement son prestataire. Par exemple, Eagles Flight (rebaptisé Eagles TeamBuilding), très présent en France et « créateur et organisateur de séminaires et événements », a un dirigeant connu pour ses liens avec l’Église de scientologie. Que cela affecte ou pas la nature de la prestation, mieux vaut le savoir avant de signer.

LES CONSEILS DU COACH

PIERRE CAUVIN

Cofondateur du cabinet Osiris Conseil*

– 1 –

Chercher à entretenir le collectif

Les équipes ont besoin d’entretien, comme les machines : quand on traitera les hommes aussi bien que les machines, on aura fait de grands progrès ! L’esprit d’équipe ne naît pas spontanément : les séminaires de team building permettent d’analyser le mode de fonctionnement d’un collectif, d’identifier les ressorts du leadership et de faire émerger de nouveaux modèles coopératifs.

– 2 –

Choisir des activités qui fédèrent

L’objectif d’abord : le but d’un séminaire de team building n’est pas le dépassement de soi mais la cohésion d’équipe. Des activités telles que le saut à l’élastique n’ont donc aucun sens : au contraire, elles établissent un clivage entre ceux qui osent et ceux qui n’osent pas. Organiser un challenge sportif, pourquoi pas, mais à condition que l’objectif ne soit pas de gagner, mais d’arriver tous ensemble.

– 3 –

Privilégier des effectifs réduits

Un séminaire peut rassembler plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de personnes, mais les activités de team building ne peuvent porter que sur le périmètre d’une équipe opérationnelle, c’est-à-dire pas plus de 10 à 15 personnes.

* Il est l’auteur de La Cohésion des équipes, pratique du team building, ESF Éditeur, réédition 2014.

Auteur

  • Sabine Germain