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LA SEMAINE

Bernard Masingue ENTREPRISE & PERSONNEL

LA SEMAINE | l’interview | publié le : 21.04.2015 | L. G.

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Bernard Masingue ENTREPRISE & PERSONNEL

Crédit photo L. G.

« Les entreprises, et leurs représentants politiques, sont aussi responsables de l’échec »

Comment analysez-vous la prise de position du Medef ?

Il est normal que le Medef s’inquiète : ses CFA sont en péril, leurs comptes d’exploitation sont dégradés, et il y a pénurie de demandes d’apprentissage. Le contrat de professionnalisation est plus souple et permet la création de dispositif dédié au cas par cas, mais ce n’est pas un contrat d’acquisition des savoirs de base. L’apprentissage est un système exigeant, un outil d’acquisition des savoirs académiques de base autant que de confrontation avec le réel du travail.

Quelles solutions vous semblent utilisables ?

Parmi les solutions, l’État doit cesser de faire un dispositif administrativement insupportable, et la gestion de la taxe d’apprentissage doit être décomplexifiée : d’un côté une taxe d’apprentissage allant intégralement à l’apprentissage et de l’autre une “contribution à l’enseignement technique”. Il faut partir de la situation du patron de TPE pour l’aider. Les branches professionnelles doivent mutualiser les risques, aider les adhérents et améliorer la pédagogie. Les entrées en CFA doivent pouvoir se faire au moins en septembre et en février, etc.

L’État est-il le responsable de cet essoufflement de l’apprentissage ?

Les entreprises, et leurs représentants, sont aussi responsables de l’échec : l’argument de l’incertitude du plan de charge handicapant le recrutement en apprentissage est une posture. La qualification est-elle un outil de maîtrise de l’incertitude ? Oui, plus que jamais ! Plus la qualification est forte, plus puissante est la capacité à rebondir et à gérer l’incertitude. L’apprentissage sécurise le recrutement en connaissance de cause, il est moins cher et rapidement utilisable. Mais il n’est pas illégitime de ne pas garder les apprentis. Car ils ont une grande capacité à trouver du travail après leur formation. Apprentissage ne signifie pas embauche définitive, mais plutôt mutualisation des investissements. Les régions sont les moins critiquables : il est légitime qu’elles aient des politiques d’apprentissage, et la complémentarité des financeurs est une vertu.

La situation de l’apprentissage montre que, au-delà des discours, l’avenir des jeunes n’est pas un enjeu majeur dans l’inconscient collectif des Français. Chaque acteur doit questionner sa responsabilité. L’apprentissage est un outil de construction de l’avenir qui s’accorde mal avec le désir de payer le minimum pour avoir quelqu’un d’adaptable de suite. Par ailleurs, posons la question : la fin du 0,9 % plan de formation, qui pousse certains à ne plus rien faire en formation, joue-t-elle un rôle dans cette situation »

Auteur

  • L. G.