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Sur le terrain

CANADA : LES POMPIERS DU QUÉBEC FACE AU DÉFI DE LA MIXITÉ

Sur le terrain | International | publié le : 14.04.2015 | Ludovic Hirtzmann

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CANADA : LES POMPIERS DU QUÉBEC FACE AU DÉFI DE LA MIXITÉ

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Le Service d’incendie de Montréal doit faire face à des risques de discriminations. Sous-représentées, les femmes se plaignent d’être harcelées. L’entreprise, qui veut attirer plus de “pompières”, se dote d’une politique antiharcèlement.

Elles s’appellent les pompières : dans le très féministe Québec, tous les noms de professions ont été féminisés. Cela n’empêche pas le harcèlement dans de nombreuses casernes de la Belle Province, particulièrement au Service d’incendie de Montréal (SIM), un des gros employeurs de la ville, qui compte un peu moins de 3000 pompiers et agents administratifs.

Lors d’une récente enquête du quotidien montréalais La Presse, des pompières se sont plaintes, anonymement, de harcèlement verbal, sexuel et de discriminations de la part de leurs collègues masculins. Au Québec, où le mot “mademoiselle” plutôt que “madame” peut être perçu comme du harcèlement sexuel, la direction et les syndicats de pompiers ont vite compris le danger. Le président du syndicat des pompiers, Daniel Pépin, condamne des gestes « déplacés et qui dépassent l’acceptable. Nous sommes contre toute forme de harcèlement quelle qu’elle soit ». Daniel Pépin confie que, comme l’entreprise est très majoritairement masculine (avec seulement 31 pompières, qui font face à 2400 pompiers), « l’intégration à un groupe de travail peut être difficile ».

Une action de sensibilisation

La direction du service des incendies de Montréal a promis de mettre en place une politique antiharcèlement. Tous les pompiers de la ville devront participer annuellement à une demi-journée de sensibilisation sur ce fléau. Les instances dirigeantes du SIM vont rencontrer les 31 pompières et organiser un focus group pour déterminer les améliorations à apporter. Parmi celles-ci, des douches, des dortoirs et des toilettes réservés aux femmes devraient voir le jour. Quelques voix se sont élevées contre le coût – plusieurs millions de dollars – de la construction de tels équipements, prétextant que les pompières pourraient utiliser les toilettes et les salles des officiers. « Les gens ont tendance à banaliser le harcèlement, alors qu’une entreprise va perdre de l’argent à cause de celui-ci, par la hausse de l’absentéisme, la baisse de la productivité et de l’efficacité organisationnelle », prévient Angelo Dos Santos Soares, professeur de gestion à l’université du Québec à Montréal et spécialiste des questions de harcèlement. « La prévention est la clé du problème. Il faut mettre en place une politique antiharcèlement, définir ce qu’est le harcèlement sexuel, sexiste et moral », souligne le professeur, qui ajoute : « Il faut préciser aux salariés qu’il y a une procédure, composée d’une enquête, et qu’en cas de manquement, ce sera une faute sanctionnée. Mais surtout, il ne faut pas laisser cette politique au fond d’un placard, il faut qu’elle soit vivante. »

Dans un pays où les maisons sont construites en bois et les incendies très fréquents, les conditions de travail des pompiers ont été taillées sur mesure. Au regard des autres travailleurs du Québec, ils bénéficient de réels avantages sociaux. Les pompiers peuvent prendre leur retraite à 45 ans, après vingt-cinq années de service. La mixité évolue positivement, mais lentement : il y a désormais 3,6 % de femmes pompiers au Canada, contre 1,4 % en 1991. Angelo Dos Santos Soares estime qu’il faut au moins 30 % de femmes dans une organisation pour éliminer « l’effet de contraste ». Le SIM va renforcer la promotion de la profession auprès des filles dans les écoles. Les candidates sont encore peu nombreuses, mais les choses pourraient changer très vite dans un pays où l’égalité est devenue un dogme. Non sans résistances toutefois. Daniel Pépin condamne le harcèlement, mais il avance aussi un argument plus ambigu : « Dans le monde des pompiers, les gens aiment se jouer des tours entre eux. »

DANS LES MÉDIAS

MONEYSENSE. Retraite garantie pour tous les Ontariens

À compter de 2017, tous les Canadiens de l’Ontario auront droit à un fonds de pension financé à parité sur leurs salaires et par l’employeur. Cette pension à vie, d’environ 10 000 dollars par an pour un salaire de 70 000 dollars, s’ajoutera aux retraites publiques canadienne et de l’Ontario, dont les montants cumulés sont d’environ 16 000 dollars. Cette mesure du gouvernement libéral est une véritable pension revolution. Mars 2015, MoneySense, mensuel économique et financier, tiré à 112 000 exemplaires.

CANADIAN MINING JOURNAL. Le secteur de l’industrie minière en difficulté

Depuis le début des années 2000, la productivité a fortement chuté dans les mines. Pour ne rien arranger, le secteur fait face à une pénurie de main-d’œuvre. Une étude du Mining Industry Human Resources Council révèle que 20 % des mineurs prendront leur retraite d’ici trois à cinq ans. Mars 2015, Canadian Mining Journal, revue économique consacrée au secteur minier, tirée à 10000 exemplaires.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann