SI, JUSQU’AUX ANNÉES 1985, la France se distinguait des autres pays de l’OCDE par un niveau plus faible des inégalités de revenus, les années 1990-2000 puis la crise de 2008 ont annulé cette heureuse différence. Si l’on retient le taux de 60 % du revenu médian comme seuil de pauvreté (977 euros mensuel), la France compte 14,3 % de pauvres. Mais aussi environ 10 % de chômeurs, et presque le double si l’on tient compte des personnes occupant des emplois de faible intensité, soit des personnes susceptibles de connaître un risque de pauvreté ou d’exclusion. Si l’on tenait compte de tous les outsiders, ce chiffre s’élèverait à 43 % de la population active, cette catégorie étant définie par la probabilité d’être affectée par le chômage ou par des formes d’emplois atypiques. La “France à deux vitesses” est donc une réalité à prendre au pied de la lettre. Dirigé par la directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et une directrice de recherche au CNRS, l’ouvrage contient des articles de sociologues et de spécialistes en sciences politiques, partis à la rencontre de ceux qu’on retrouve partout… et nulle part, car ils n’appartiennent à aucun collectif. Il s’agissait de sonder leurs idées politiques, sachant que, le plus souvent, ils s’abstiennent de déposer leur bulletin dans l’urne lors des élections. Alors qu’avant les années 1980, la pauvreté se limitait à quelques marginaux, elle est devenue en France un phénomène de déstructuration sociale massive, bien que, paradoxalement, quasi inaudible au plan politique.