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Sur le terrain

ÉTATS-UNIS : INTEL ÉPOUSE LA CAUSE DES FEMMES DE LA HIGH TECH

Sur le terrain | International | publié le : 03.03.2015 | Caroline Crosdale

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ÉTATS-UNIS : INTEL ÉPOUSE LA CAUSE DES FEMMES DE LA HIGH TECH

Crédit photo Caroline Crosdale

Les entreprises leaders de la Silicon Valley sont en majorité masculines et blanches.Intel s’attaque à cette culture très ancrée dans le secteur des hautes technologies.

Brian Krzanich, le Pdg d’Intel, veut davantage de femmes dans son entreprise. Il a suffi à la direction du premier fabricant mondial de semi-conducteurs d’examiner ses effectifs pour constater l’évidence : les femmes représentent 24 % des salariés d’Intel aux États-Unis, et 17,7 % des managers. Brian Krzanich a donc annoncé en début d’année un investissement de 300 millions de dollars dans l’amélioration de la diversité, pour promouvoir les femmes et les minorités.

70 % d’hommes chez Google

Le cas d’Intel n’est pas unique, c’est toute l’industrie high tech américaine qui manque de diversité. À Microsoft, 17,7 % des techniciens sont des femmes, chez Google, 70 % des effectifs sont masculins, et 79 % des leaders sont des hommes, principalement de type caucasien.

« Il y a beaucoup de travail à accomplir », constate Anna Beninger, l’experte du groupe d’études Catalyst à New York. Depuis 2007, Catalyst suit la trajectoire de 6 000 hommes et femmes, titulaires d’un MBA. « L’excuse habituelle pour justifier le manque de femmes cadres est qu’elles n’ont pas la formation nécessaire en Stim – sciences, technologies, ingénierie et maths –, explique-t-elle. Mais nous avons voulu aller plus loin et suivre ces femmes, titulaires du bon diplôme, pour voir le déroulé de leur carrière. » Sa conclusion ? Très peu de femmes choisissent les industries de la Silicon Valley et celles qui le font « ont tendance à en partir et à ne jamais y revenir » ; 18 % seulement des diplômées s’engagent dans les industries high tech et, parmi celles-ci, plus de la moitié (53 %) préfèrent changer de secteur en cours de route. « La culture high tech ne favorise pas l’avancement des femmes », commente l’analyste de Catalyst.

Une autre étude, menée par les experts de l’Institute for Women and Technology et l’université Stanford, souligne les obstacles rencontrés par les femmes. Elles sont perçues comme moins compétentes, elles ont la charge d’une famille, elles ne peuvent donc pas régulièrement travailler tard et, lorsqu’elles sont évaluées pour une éventuelle promotion, l’esprit de compétition l’emporte sur les qualités de coopération, attributs habituels des femmes.

Sans compter que le manager blanc récompense plus aisément ceux qui lui ressemblent, des hommes blancs, sans charge familiale à gérer. Pour contrer cette tendance lourde, Anna Beninger propose trois démarches. La première, la plus essentielle, relève du parrainage : « Les hommes cadres supérieurs deviennent sponsors de femmes. Ils sont plus que des mentors qui prennent le café avec vous, ils parlent de vous dans l’organisation et proposent votre candidature quand un poste se libère. »

L’experte prône ensuite la mise en place d’évaluations « claires comme le cristal ». « On ne doit plus accepter un critère vague et biaisé comme le leadership, mais plutôt, par exemple, une hausse chiffrée des parts de marché. » Enfin, elle favorise les horaires souples : « 20 % des femmes quittent l’industrie high tech du fait du manque de flexibilité. Leur offrir cette option permettrait d’en garder beaucoup plus. »

Des objectifs chiffrés

Pour l’heure, les entreprises intéressées ont fort peu réagi… se contentant de publier des statistiques, reconnaissant la sous-représentation des femmes. Intel est l’une des rares à passer à l’offensive aux États-Unis. L’enveloppe prévue devrait aider à former plus de femmes scientifiques dans les lycées et les universités et à lutter contre les clichés. L’industrie des développeurs de jeux, réputée “macho”, est particulièrement dans la ligne de mire.

Pour montrer le sérieux de son engagement, la direction d’Intel affiche des objectifs chiffrés. Les cadres seront jugés et évalués sur leur capacité à promouvoir leurs troupes féminines. D’ici à 2020, les statistiques du groupe concernant la diversité devraient progresser de 14 %. « Rendre les gens responsables, mettre en place des statistiques est une bonne chose, reconnaît Anna Beninger. Et cela ne coûte pas très cher. »

DANS LES MÉDIAS

NEW YORK TIMES Gel des régularisations de sans-papiers

Le juge texan Andrew Hanen a gelé le processus de régularisation de 5 millions de sans-papiers, entamé par le président Barack Obama… le temps d’examiner la plainte déposée par 26 États, qui estiment l’initiative trop complexe et coûteuse pour les finances locales. Les représentants du gouvernement ont promis de faire appel. En attendant, les 270 000 “dreamers”, arrivés jeunes aux États-Unis, qui devaient être les premiers bénéficiaires de la mesure, sont menacés de reconduite et privés de permis de travail . 17 février 2015, New York Times, quotidien généraliste.

WALL STREET JOURNAL Des docteurs pour les CA

Les entreprises cotées en bourse ont de plus en plus souvent recours à des experts externes, baptisés « docteurs » des conseils d’administration, pour évaluer la qualité du tour de table. Les administrateurs sont-ils assez indépendants ? Sauront-ils résister aux exigences du Pdg ? Apportent-ils une réelle plus-value ? En 2010, 17 % des entreprises s’offraient les services de ces conseillers, selon Spencer Stuart. Aujourd’hui, 19 % le font et paient de 25 000 à 250 000 dollars la consultation. L’activité suscite des vocations auprès des chasseurs de têtes, coachs, cabinets juridiques, universitaires… 17 février 2014, Wall Street Journal, quotidien économique.

Auteur

  • Caroline Crosdale