Le collaboratif irrigue beaucoup plus l’administration qu’on ne pourrait le supposer. En matière de RSE, elle a désormais une bonne longueur d’avance, quand beaucoup d’entreprises privées tâtonnent encore. Pour preuve, le guide pratique Développer les usages des réseaux sociaux d’entreprise dans les administrations(1), dont l’intérêt dépasse largement le cadre de la Fonction publique. Présenté en novembre dernier lors de la Semaine de l’innovation publique, il est le fruit d’un groupe de travail rassemblant plusieurs ministères et piloté par le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) et la direction générale des finances publiques (DGFiP).

L’élément déclencheur de cette initiative ? « Plusieurs projets de RSE étaient en cours de déploiement ou déjà opérationnels, tel celui de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), et beaucoup de ministères s’interrogeaient sur le sujet », raconte Maxime Barbier, chef de projet innovation publique au SGMAP. Plutôt que de rester chacun dans son coin, nous avons mené une démarche collaborative(2), qui a abouti à une soixantaine de recommandations opérationnelles ainsi qu’à une réflexion sur les futurs usages des RSE en soutien des processus métier et de gestion. De quoi éclairer les décideurs. »

L’enjeu est d’importance pour les administrations dont les services se décloisonnent et s’ouvrent sur l’extérieur, à l’exemple du ministère des Affaires étrangères, avec son portail Diplomatie (lire Entreprise & Carrières n° 1216): « Il s’agit de mettre en place le travail collaboratif et de créer de la transversalité. L’intérêt étant, à terme, d’intégrer cette brique collaborative dans l’environnement de travail de l’agent, donc de la banaliser », soutient Lionel Ploquin, responsable de la mission usages numériques innovants à la DGFiP.

De fait, ces travaux mettent en lumière toutes les problématiques RH liées aux RSE, parmi lesquelles l’émergence de nouveaux métiers, dont celui de community manager interne. « C’est aussi une nouvelle façon de gérer les ressources humaines, le RSE permettant de connecter les compétences individuelles et la compétence collective. On voit le potentiel que cela représente, même s’il n’est pas encore exploité. C’est là une carte à jouer pour les DRH », ajoute Lionel Ploquin.

Dans le détail, le document de près de 70 pages propose aussi une cartographie des initiatives de RSE dans les administrations ; une grille des usages principaux (harmonisation et partage de pratiques métiers, gestion et suivi d’un projet, co-construction de document, recherche de compétences et de talents…), avec le détail des bénéfices et les conditions de mise en œuvre, ainsi qu’une synthèse des facteurs de réussite dans la conception, le déploiement et la gestion des RSE.