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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

La chronique | publié le : 24.02.2015 |

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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

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La qualité de vie au travail : un oxymore ?

Le travail est-il une malédiction ou une libération ? Son histoire est un marqueur fidèle de l’évolution de nos sociétés. Voilà près de dix mille ans qu’il enchaîne si l’on en est esclave et qu’il libère si l’on s’en rend maître. Pour 99 % de l’humanité, jusqu’au siècle dernier, le travail était une obligation, voire une punition. La Genèse (3.19) nous avait prévenus : « C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. » Perspective joyeuse et encourageante s’il en est.

Le travail n’a jamais été bien aimé. On le savait depuis l’Antiquité avec la loi de l’effort décroissant : la forme même des pyramides montre de toute évidence que l’effort tend à diminuer et à s’épuiser à mesure que le chantier avance… Les citoyens Grecs assimilaient d’ailleurs le travail à une agitation assez vaine. La révolution industrielle a adouci la pénibilité du travail, allégé des horaires accablants, permis des jours de repos, élevé le niveau de vie. La civilisation des loisirs, depuis les années 1960 dans les pays riches, est une de ces révolutions tranquilles qui retournent les sociétés doucement mais sûrement.

L’élévation générale du niveau de vie, les recherches sociologiques sur les motivations au travail (Maslow, Herzberg, McGregor, Atkinson, Vroom…), la pression sociétale sur la réduction des inégalités de rémunération (en France, on a le droit d’être riche, mais pas plus que les autres !) ont sensibilisé la société à ce que l’argent ne fait pas tout. L’impératif financier, qui reste néanmoins bien présent pour la plupart, se double petit à petit d’une quête d’épanouissement personnel. Le travail n’est plus un devoir ni un déboire : on ne va pas perdre sa vie à la gagner. On ne mobilise plus aujourd’hui, résume Jean Viard* avec humour : « Nous sommes passés du devoir conjugal au plaisir sexuel. De la même façon, nous passons du devoir professionnel au plaisir de la réalisation. »

Alors, comment faire ?

Confucius nous conseille personnellement : « Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. »

Mais chacun n’a pas toujours le choix et voici quelques pistes.

1. Pratiquer la convivialité au quotidien : dire bonjour chaque jour, respecter chacun, faire preuve d’écoute et d’attention.

2. Être positif : chacun fait des choses bien et des choses moins bien. Il est essentiel de valoriser ce qui va bien : le bien ira mieux et le moins bien ira moins mal.

3. Féliciter en public, critiquer en privé.

4. Reconnaître (la personne, le travail, les efforts, les résultats) : c’est le levier de motivation fondamental et universel.

5. Communiquer de façon non violente : cela s’apprend !

6. Prévoir chaque jour un temps pour l’imprévu.

7. Demander à ses collaborateurs comment s’améliorer (pour les managers les plus courageux).

8. Développer la relation par des rituels et des réunions informelles : mots absents, maux présents.

9. Entreprendre mensuellement une action de réduction de la pénibilité ou d’accroissement du plaisir au travail.

10. Célébrer les succès. Dire merci, c’est conclure : dire bravo c’est ouvrir.

11. Identifier en équipe et supprimer les irritants, les « tue-convivialité ».

12. Encourager le travail collaboratif, associer les volontaires.

13. Ne jamais dévaloriser un échec : c’est une source de progrès !

(*) La France dans le monde qui vient, Éditions de l’Aube, 2013. Jean Viard est professeur de sociologie à l’IEP.