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L’enquête

LA DÉMOGRAPHIE SYNDICALE A ÉTÉ PEU RENOUVELÉE

L’enquête | publié le : 13.01.2015 | H. H.

Un accord signé en 2011 a permis aux élus d’orange d’effectuer leurs mandats plus sereinement. Mais cela n’a pas assuré un plus grand renouvellement des générations aux dernières élections.

« À l’occasion des élections du début décembre 2014, 130 porteurs de mandat ont quitté leurs responsabilités syndicales pour revenir à 100 % dans une carrière strictement professionnelle. J’ai encore trois ou quatre cas un peu difficiles, mais c’est tout. » Pour Alain de Bejarry, directeur des relations sociales du groupe Orange, ce résultat est la preuve que l’accord de 2011 sur la gestion de carrière des porteurs de mandat, signé par la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et SUD (pas par la CGT ni par FO), fonctionne bien.

GÉRER AU MIEUX LES PARCOURS

C’était le premier accord du genre chez l’opérateur. Il rappelait d’abord les fondamentaux : l’accès des responsables syndicaux à l’in formation, à la formation, aux augmentations salariales, aux promotions, bref leur non-discrimination. Sans être explicite, la reconnaissance des parcours syndicaux était actée. Pas question, à proprement parler, de les valoriser, mais plutôt de les gérer au mieux, vu leur nombre dans l’entreprise. Rien que pour la CFDT, Xavier Major, délégué syndical central adjoint, compte par exemple, fin 2013, 7 027 personnes assumant un ou plusieurs mandats, 5 602 élus dégagés de leurs obligations professionnelles pendant moins de la moitié de leur temps et 1 425 quasi-permanents, consacrant à leurs tâches syndicales plus de 50 % de leur temps. L’accord prévoit en détail le suivi des mandataires par leurs responsables hiérarchiques, voire par la DRH pour les permanents syndicaux détachés de l’entreprise, au début, en milieu et à la fin de leurs mandats. Au besoin, l’entreprise renforce leur formation au cours de cette période.

RELATIONS APAISÉES

Xavier Major considère que l’accord a apporté des progrès. « Depuis 2011, nous avons eu des mandats plus sereins », estime-t-il. Bien moins souvent qu’auparavant, il a dû monter au créneau auprès des supérieurs des élus CFDT afin de leur rappeler, par exemple, que la part variable de leur salaire, s’ils étaient commerciaux, devait s’élever à la moyenne de celle de l’ensemble de leurs collègues. « La direction a bien diffusé l’accord dans l’entreprise », déclare Xavier Major.

Orange a également envoyé deux promotions de responsables syndicaux (deux par organisation) suivre le parcours certifiant de Sciences Po Paris. « Huit sur dix ont réussi la première année, neuf sur dix la seconde, indique avec satisfaction Alain de Bejarry. Les organisations syndicales aussi approuvent l’expérience. Nous faisons aujourd’hui une pause jusqu’en juin pour mesurer les bénéfices avec les intéressés eux-mêmes. Il s’agit notamment certide voir comment ils ont évolué à la faveur des élections de décembre dernier. Nous n’avons jamais pensé que ce cursus serait une fin en soi. Nous verrons si nous poursuivons. » Pour Xavier Major, il ne fait aucun doute que l’image de Sciences Po peut contribuer à convaincre de jeunes adhérents à prendre des responsabilités syndicales : « C’est notre principal souci. Nous pouvons, grâce à l’accord de 2011, leur apporter des garanties sur le déroulé de leur carrière pendant leur mandat. Les bilans réguliers de la direction nous le disent : les représentants syndicaux ne subissent plus de discrimination sur leurs salaires, leurs promotions, etc. La dernière barrière reste l’inquiétude sur le maintien de leurs compétences professionnelles à la fin de leur mandat. Les technologies, les offres commerciales évoluent tellement vite chez nous ! » Le syndicaliste compte demander à la direction d’Orange de rouvrir l’accord de 2011 pour l’améliorer en ce sens. Alain de Bejarry s’inquiète aussi du faible renouvellement des élus aux dernières élections. La question des conditions du “retour” dans l’entreprise à la fin des mandats devrait donc être réexaminée.

ÉVITER LA DISCRIMINATION POSITIVE

Pour Xavier Major, il faut améliorer la prise en compte de l’expérience syndicale, mais pas seulement à l’aide d’une grille des compétences spécifiques des responsables syndicaux, qui conduiraient automatiquement vers tel ou tel poste, telle ou telle promotion : « Il faut conserver la possibilité d’assurer des suivis personnels. » Alain de Bejarry, sur la même longueur d’onde, avoue sa « grande crainte » que le mandat syndical puisse créer une discrimination positive : « La véritable réponse à ces questions, c’est de se parler, d’avancer dans l’évaluation des compétences en fin de mandat. »

REPÈRES

Activité

Télécommunications.

Effectif

159 000 salariés au 30 septembre 2014, dont 99 800 en France.

Chiffre d’affaires

41 milliards d’euros dans le monde.

Auteur

  • H. H.