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LA SEMAINE

Marc Ferracci ÉCONOMISTE, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE NANTES

LA SEMAINE | l’interview | publié le : 13.01.2015 | Valérie Crasset-Morel

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Marc Ferracci ÉCONOMISTE, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE NANTES

Crédit photo Valérie Crasset-Morel

« Nous plaidons pour la création d’un système unique de certification des formations en alternance »

Dans une note publiée le 7 janvier pour le Conseil d’analyse économique (CAE)*, vous demandez une réforme en profondeur de l’alternance. Quel constat faites-vous du dispositif actuel ?

Nous avons deux dispositifs, le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation, qui se chevauchent. Une même certification peut ainsi se préparer sous l’un ou l’autre de ces contrats, ce qui génère un certain flou. Par ailleurs, si l’alternance est un levier d’insertion pour les jeunes peu qualifiés dans de nombreux pays, ce n’est pas le cas en France, malgré le quasi-doublement des effectifs d’apprentis entre 1992 et 2013 et la forte hausse des moyens consacrés à l’apprentissage (+ 51 % de 2000 à 2012). Depuis dix ans, l’essor de l’apprentissage profite surtout aux apprentis de l’enseignement supérieur, tandis que le nombre d’entrées de jeunes sans aucun diplôme diminue. Pourtant, les études empiriques montrent que l’apprentissage a un rendement positif – insertion, gain salarial – essentiellement pour les faibles niveaux de qualification.

Que préconisez-vous ?

Il est important de concentrer sur la filière de l’apprentissage les moyens publics consacrés aux jeunes les plus en difficulté, comme ceux dévolus aux emplois d’avenir. Ensuite, le système gagnerait en clarté grâce à la fusion de l’apprentissage et du contrat de professionnalisation.

Nous plaidons également pour la création d’un système unique de certification des formations en alternance, à l’allemande, via des agences commanditées par une commission nationale, qui se substituerait à l’actuelle Commission nationale de la certification professionnelle, au Cnefop et au Copanef. Nous irions ainsi vers la création d’un marché de la certification pour l’ensemble du système de formation professionnelle. Il serait en outre souhaitable de recentrer les subventions à l’alternance sur les diplômes les moins élevés, pour inciter au recrutement de jeunes peu qualifiés. Nous préconisons aussi un développement du tutorat en entreprise. Enfin, l’amélioration de l’orientation des moins qualifiés vers l’apprentissage nécessite probablement d’inciter financièrement les acteurs, en particulier les missions locales.

* “L’apprentissage au service de l’emploi”, CAE, Pierre Cahuc, Marc Ferracci, avec les contributions de Jean Tirole et Etienne Wasmer.

Auteur

  • Valérie Crasset-Morel