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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

La chronique | publié le : 13.01.2015 |

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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

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Le développement durable : oui, mais comment ?

Voici l’un des faits de ce début de 21e siècle : le réexamen des rapports de l’entreprise avec la société. L’objectif n’est plus de combattre le capitalisme, mais ses excès. Il ne s’agit plus de changer la nature du capitalisme, ni de lui opposer des contre-pouvoirs, mais de lui adjoindre de nouvelles finalités : faire évoluer les rapports du monde du travail pour un mieux-vivre général.

Les attentes vis-à-vis de l’institution “entreprise” devenue toute-puissante et (très) riche s’accroissent et se multiplient. L’entreprise travaillant dans un univers ouvert et fluide est de plus en plus interpellée sur le sens et l’impact de ses activités, par ses salariés comme dans son quartier et ses pays d’implantation. L’organisation est exposée dorénavant à une dimension publique : elle n’est plus seulement face à son marché, elle est aussi face à la société.

Une responsabilisation sociétale des organisations encore floue

Face à cette irruption de la société civile, les organisations sentent la nécessité de s’engager, même si elles bégaient des réponses encore défensives dans leurs approches. Certaines se verdissent, d’autres y trouvent des sources d’innovation (tri sélectif, recyclage, commerce équitable, toutes les activités en co-…), mais la plupart “talk their way, don’t walk their way”. Elles parlent plus qu’elles n’agissent. Et leur budget développement durable reste durablement égal à zéro !

Que peut faire un manager ? Plusieurs champs sont possibles :

– Être exemplaire, ou au moins crédible. On est responsable de ce qu’on fait, on est aussi responsable de ce qu’on laisse faire. La maxime est sans appel. Combien de fois laissons-nous se produire des injustices, des discriminations, des atteintes à l’environnement ou simplement des dysfonctionnements ? Être responsable, c’est faire preuve de courage, décider, dire les choses, savoir dire non… c’est être capable de sortir de sa zone de confort.

Mais on n’est peut-être pas toujours un saint. Il n’y a que chez les couturiers que patron est synonyme de modèle ! Il est essentiel au moins d’être crédible pour ses collaborateurs. C’est-à-dire de faire preuve d’intégrité, d’honnêteté, de ne jamais transiger sur l’éthique ou le sens moral, de reconnaître ses erreurs… La crédibilité est mère de la confiance. C’est tout l’enjeu : un manager qui n’est pas cru est cuit !

– Mesurer l’impact de son management. Pour progresser, rien de tel qu’attirer la critique à soi. Et, pour se remettre en cause, il faut créer un environnement qui favorise une confrontation bienveillante des points de vue. Le progrès se nourrit du regard de l’autre, de la remise en cause par autrui. Le Talmud le dit bien : « Nous voyons les choses non pas comme elles sont, mais comme nous sommes. » La pratique est facile, même si elle demande un peu de courage : demander à ses parties prenantes comment améliorer son management et commencer par ses collaborateurs.

– Engager son équipe dans une contribution sociétale annuelle. Les possibilités de participer et de s’impliquer dans la vie de la société sont nombreuses : achat équitable, tri sélectif, portes ouvertes, articles et publications, actions contribuant à l’amélioration de l’environnement de proximité, forums emploi, participations à des associations locales ou professionnelles, professorat…

Rabelais écrivait : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Détournons sa maxime : « Organisation sans âme n’est que ruine de la société. » À elle de choisir son camp : pollinisatrice ou destructrice ?