LA PRÉCARITÉ est un thème récurrent du débat économique et politique actuel. L’organisation salariale devenue la règle semble menacée par cette tendance, qui veut qu’un nombre toujours plus grand d’actifs ne trouve pas d’emploi ou le rejoigne de manière discontinue, précaire. Ce qui a d’abord été une particularité des salariés peu qualifiés concerne aujourd’hui également les travailleurs du savoir et de la culture : universitaires et chercheurs en CDD, intermittents du spectacle, pigistes, etc. Différence notable avec les non-qualifiés : malgré la précarité qui pèse sur elles, ces personnes ne souhaitent pas toujours rejoindre le statut salarial ordinaire, dont le modèle reste en France le contrat à durée indéterminée à temps plein, qui ne correspond ni à leurs options de vie ni à leurs valeurs.

Certains travailleurs du savoir veulent rester libres et, plus radicalement, contestent la nature même du lien de subordination aux employeurs. Selon l’auteur, sociologue, cette liberté revendiquée est partiellement illusoire, car la nécessité de pourvoir à leurs besoins les place dans une dépendance parfois plus grande que celle des autres salariés avec ceux qui peuvent leur fournir des revenus. L’auteur pose notamment la question de la rencontre de cette tendance libertaire avec les aspirations de la population salariale à s’affranchir de l’organisation routinière de la vie. Une manière de contester la toute puissance idéologique de la société de consommation.