Le marché de l’emploi s’adresse essentiellement aux plus qualifiés, en haut de la pyramide sociale, et, tout en bas, aux peu qualifiés, qui constituent une main-d’œuvre interchangeable. Entre les deux, c’est la classe moyenne dans son ensemble, celle à laquelle déclarent appartenir la majorité des Français, qui tend paradoxalement à devenir invisible. Reléguée de plus en plus loin des centres-villes pour des raisons économiques, cette classe se concentre dans les espaces périurbains, ruraux, ou les petites villes. La France des « oubliés », comme l’appelle l’auteur, géographe, celle des plans sociaux, des fins de mois acrobatiques, des temps de transport domicile-travail à rallonge, celle qui prend l’austérité de plein fouet, est pourtant en train de se rappeler à l’attention des politiques en confondant sa gauche et sa droite. L’édifice politico-social se fissure par le milieu. L’auteur, déjà remarqué en 2010 avec Fractures françaises (éditions Bourin), enfonce le clou : les classes populaires ont été sacrifiées sur l’autel de la globalisation. Les grandes entreprises dégagent des bénéfices records, les plus favorisés continuent de s’enrichir, mais la montée des inégalités représente un grand risque pour la société française. Sans la remise en cause du système politique et la création ou le renforcement d’institutions représentant les classes populaires, l’implosion est à terme inévitable.