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Enquête

LE TEMPS DE TRAVAIL ALLONGÉ ET FLEXIBILISÉ

Enquête | publié le : 02.09.2014 | É. S.

Outre le gel, jusqu’en 2019, de la moitié des RTT, les chantiers navals ont introduit un dispositif d’annualisation du temps de travail.

Lorsqu’en mars dernier la direction de STX France médiatise la commande de deux paquebots par l’armateur MSC Croisières, elle prend soin de lier ce succès commercial à la signature, trois mois plus tôt, d’un « pacte social pour la compétitivité » avec la CFDT et la CFE-CGC. Mesure phare de cet accord, le « gel », pendant trois ans, de la moitié des jours de RTT acquis annuellement en 2014, 2015 et 2016 (le gel courant donc jusqu’en 2019). Avec, en tout, 12 jours de RTT par an pour les cadres et 14 pour les non-cadres, ce mécanisme original permet une économie de trésorerie de 3 % de la masse salariale, indique le DRH Christophe Mabit. S’y ajoute une économie pérenne de 2 % de la masse salariale, liée à la remise en question de certains usages, comme une indemnité destinée à compenser la perte de rémunération en cas de changement d’horaires.

Levée de boucliers

La signature de cet accord – et par la suite sa sécurisation – n’a pas été simple à obtenir. La première proposition de STX – 20 minutes de travail supplémentaire par jour sans compensation de salaire – a essuyé une levée de boucliers de la part des syndicats. À l’automne 2013, la direction a même dénoncé tous les accords sociaux pour relancer la négociation. Mais, fin 2013, « la perspective de décrocher un nouveau contrat a obligé l’entreprise à faire la démonstration d’un climat social apaisé, raconte François Janvier, délégué syndical CFE-CGC. Elle a accepté de geler les RTT au lieu de les supprimer. Nous avons signé parce que les efforts consentis étaient acceptables, et pour ne pas prendre le risque de perdre certaines garanties sociales qui avaient été dénoncées, notamment des primes d’entreprise qui peuvent être importantes ».

Le pacte signé le 31 janvier comprend d’autres mesures relatives au temps de travail, introduisant notamment un mécanisme d’annualisation permettant des variations hebdomadaires de 28 heures à 42 heures. « La construction d’un paquebot implique des variations cycliques d’activité. Les bureaux d’étude, les ateliers de fabrication, le montage ne sont pas mobilisés au même moment, justifie le DRH. Par exemple, les ateliers de fabrication connaîtront une période basse en 2015. Quand les commandes ne s’enchaînent pas suffisamment, nous devons recourir à l’activité partielle, qui coûte cher à l’entreprise. Ce mécanisme nous permet de l’éviter. »

Quelques concessions

Seulement, pour rendre toutes ces dispositions applicables, il a fallu convaincre FO, devenue majoritaire en cours de négociation, et placée en position d’arbitre. Pour que le syndicat renonce à faire opposition au texte, avec la CGT, STX a dû concéder quelques assouplissements à son accord, dans le cadre des NAO qui se sont conclues deux semaines à peine après le pacte de compétitivité. « Nous avons obtenu que le gel des RTT ne soit pas prolongé au-delà de trois ans, quels que soient les résultats économiques de l’entreprise, alors que l’accord de compétitivité ouvrait la possibilité de les bloquer pendant trois années supplémentaires, énonce Jean-Marc Perez, délégué syndical FO. Et nous avons limité la modulation horaire à 8 semaines par an maximum, au lieu de 12 prévues par l’accord, ce qui était très contraignant pour l’organisation des salariés. »

En outre, les NAO ont porté la durée effective du travail de 34 h 40 à 35 heures. Une hausse de 1 % acceptée par les syndicats signataires du pacte et également par FO, car compensée par une augmentation de salaire équivalente. « Avec les 0,4 % déjà négociés dans le pacte de compétitivité, nous avons pu augmenter les salaires de 1,4 %, après deux années de gel », souligne Christophe Mabit. Quant aux cadres au forfait, passés de 205 à 217 jours de travail par an, « tous ont signé leur avenant au contrat de travail », précise-t-il.

Nouvelle négociation sur la compétitivité

Six mois après l’application effective de l’accord, la question du temps de travail n’est pourtant pas close à STX. L’entreprise a en effet ouvert de nouvelles négociations sur la compétitivité dans l’une de ses filiales d’ingénierie, STX Solutions (160 personnes), avec l’objectif d’aboutir en octobre prochain.

STX FRANCE

• Activité : chantiers navals.

• Effectif : 2 500 salariés.

• Chiffre d’affaires 2013 : 510 millions d’euros.

Auteur

  • É. S.