La notion de puissance est devenue taboue en France, où elle est associée au nationalisme, voire à l’impérialisme ou au totali­tarisme. La démocratie libérale, qu’elle soit de gauche ou de droite, située à la conjonction de valeurs morales humanistes et de choix politiques capitalistes, s’accommode mal de l’idée d’une préférence économique nationale, qui viendrait faire contrepoids aux lois du marché au nom de la défense de l’intérêt économique des citoyens Français.

Pourtant, partout ailleurs dans le monde, les pays défendent pied à pied leur puissance économique contre le reste du monde, États-Unis en tête. Tout se passe comme si les Français étaient incapables de faire la différence entre des relations politiques d’alliance et des conditions économiques de rivalité, ce dont pourtant ne se privent pas nos partenaires économiques, qui déploient une énergie sans faille à défendre leurs intérêts contre les nôtres. L’ami américain en matière économique est souvent un faux ami, qui exporte ses crises mais se réserve la récolte des bénéfices.

L’auteur, spécialiste de l’intelligence économique, nous rappelle que les capacités financières et techniques des grandes sociétés américaines sont telles que, si nous ne parvenons pas à défendre mordicus une politique d’indépendance économique, la France entrera définitivement dans la voie du déclin. L’hypothèse d’une mondialisation pacifiée est un leurre. Sous la houlette de l’État stratège, il est temps, selon lui, pour les forces économiques et sociales de notre pays d’intégrer la notion de guerre économique et de se préparer au combat.

Sabordage

Christian Harbulot, Éditions François Bourin, 140 pages, 14 euros.