L’un, devenu scénariste après avoir travaillé dans la finance, et l’autre, dessinateur, ont imaginé dans cette bande dessinée l’existence d’une bourse spécifique dédiée à la cotation des humains, le HSE (Human stock exchange), en parallèle des bourses de valeurs. Dès qu’une personne réussit à être cotée au HSE, elle reçoit un capital d’au moins un million de dollars. Quant aux investisseurs, c’est simple, ils investissent dans le capital humain; à charge pour les lauréats cotés de leur faire gagner des dividendes en augmentant leur valeur au HSE.

Les conditions d’admissions sont évidemment drastiques : l’intéressé doit être une valeur sûre, ce qui suppose un capital de départ, un poste éminent, une moralité au-dessus de tout soupçon et une excellente santé. Tant pis si, pour toucher le pactole, ils doivent travailler comme des fous et davantage encore lorsqu’ils sont introduits au HSE afin de faire grimper leur cote. Si on les surnomme les « red eyes », c’est qu’ils ont les yeux rougis par le manque de sommeil à force de s’épuiser au travail ou en cours donnés par le HSE.

Félix, un jeune vendeur de voitures, parviendra à entrer dans ce cercle, mais vivra soumis à une pression à la rentabilité de plus en plus forte qui transformera sa vie en enfer. Une fiction, et à peine de la science-fiction quand on sait que, pour éviter l’exclusion, c’est-à-dire conserver sa valeur marchande, certains travailleurs doivent s’épuiser.

HSE, tomes 1 et 2

Xavier Dorison et Thomas Allart, Dargaud, 48 pages, 21 euros.