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LE NORD-PAS-DE-CALAIS DYNAMISE LA MOBILITÉ INTERFONCTIONS PUBLIQUES

Pratiques | publié le : 10.06.2014 | STÉPHANIE MAURICE

Les trois fonctions publiques de cette région se sont unies pour mettre en place des outils pratiques favorisant le passage entre administrations. Une première en France.

Le Nord-Pas-de-Calais expérimente une plate-forme de mobilité interfonctions publiques, la première en France. Un agent, recruté à l’origine par l’administration hospitalière, peut ainsi aller travailler dans la territoriale ou à la préfecture. Pour ce faire, il dispose depuis 2013 d’un portail Internet, où sont publiées toutes les annonces d’emploi régionales offertes dans le secteur public, mais aussi d’un catalogue des formations proposées dans les trois fonctions publiques, pour acquérir les connaissances qui lui manquent.

« Il faut fluidifier la circulation des compétences, insiste Éric Fritsch, directeur de la plate-forme interministérielle d’appui à la GRH. Les 330 000 agents travaillant dans la région pourront avoir ainsi un parcours plus riche, tout en conciliant vies familiale et professionnelle. » Comme cette adjointe administrative, à la police nationale, qui rêvait d’être infirmière, et teste aujourd’hui ce métier dans un centre hospitalier avant de préparer le concours.

Avec cette idée de mobilité transversale, à l’échelle d’un territoire donné, il s’agit de casser le modèle habituel de l’administration, où l’on reste dans la même fonction publique, avec un schéma qui couple progression de carrière et mobilité géographique. Un modèle surtout utilisé par les cadres, et moins par les catégories B et C, les premières intéressées par cette nouvelle possibilité de mobilité de proximité.

La préfiguration de cette plate-forme date de 2008, et a d’abord été cantonnée à la Fonction publique d’État, pour faciliter les mouvements entre les ministères, dans le cadre de la RGPP (révision générale des politiques publiques). En 2012, se présente l’opportunité d’élargir son principe aux autres fonctions publiques, à travers le pacte territorial pour l’emploi des personnes handicapées. Il prévoit un comité régional des employeurs publics. Les DRH se saisissent de l’occasion pour proposer aux agents devenus inaptes des reclassements dans d’autres fonctions publiques. Un agent hospitalier au dos abîmé peut ainsi prendre un poste à la mairie de son domicile.

« Nous nous sommes alors demandé pourquoi limiter l’action de ce comité à la gestion du handicap », rappelle Éric Fritsch. Rodolphe Soulié, directeur adjoint au département RH du CHRU de Lille, y voit un réel avantage pour les agents avec des profils transversaux, technicien informatique ou chargé de maintenance par exemple, vivant dans des zones rurales : ils peuvent aller frapper à la porte de toutes les fonctions publiques. « C’est aussi un atout pour les administrations, pour renouveler les équipes et impulser de la nouveauté », remarque Myriam Vanrast, du centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord, impliquée dans la création du portail Internet.

Vers une gestion par les compétences

Le mouvement n’en est qu’à ses débuts : en 2013, sur 122 postes pourvus via la bourse régionale de l’emploi, 11 étaient des recrutements interfonctions publiques. D’autres chantiers sont encore à mener : Rodolphe Soulié dirige le groupe de travail sur l’unification des outils RH, comme l’entretien d’évaluation annuel. Objectif : sortir de la logique des grades et des statuts, pour aller vers une gestion par les compétences. Patricia Guillaud, secrétaire régionale adjointe de l’Unsa, souligne les limites de la démarche : « La mobilité interfonctions publiques, pourquoi pas ? Mais nous n’avons pas les mêmes régimes indemnitaires, ni tout à fait les mêmes statuts. Il faut les remettre à plat pour qu’ils soient globalement les mêmes. Ce sont des freins à la mobilité. »

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE