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ISA FRANCE REBONDIT PAR LA FORMATION

Pratiques | publié le : 10.06.2014 | CHRISTIAN ROBISCHON

Le choix de former le personnel pendant les périodes de chômage partiel a créé une dynamique qui se perpétue dans l’entreprise horlogère franc-comtoise.

Au tour des managers ! La vingtaine d’encadrants d’ISA France devrait suivre une formation au management à partir de l’automne, de façon à développer cette compétence pas forcément naturelle pour cette catégorie de personnel à qualification technique. Mais le fabricant de mouvements horlogers, qui consacre 7 % de sa masse salariale annuelle à la formation continue, se montre confiant quant à l’adhésion de sa population cadre à cette stratégie : une vraie culture formation s’est diffusée depuis quelques années d’un bout à l’autre de ses ateliers de Villers-le-Lac (Doubs).

Chute d’activité

Le déclic s’est produit à un moment qui aurait pu, au contraire, s’avérer démobilisateur : courant 2012, un retournement de conjoncture a fait chuter l’activité, déclenchant l’ordre de la maison mère asiatique de baisser la masse salariale de 25 % pendant plusieurs mois. L’objectif a été atteint sans un seul licenciement, par l’arrêt des contrats d’intérim, le recours au chômage partiel – sans perte de salaire mais avec des charges réduites pour l’employeur – et même le prêt de six salariés… à un concurrent. Mais l’entreprise a conservé ses 93 CDI, qu’elle a envoyés en formation volontaire. Et, à une exception près, tous ont dit oui. « Une telle réponse n’aurait pas été possible sans toute la démarche compétences de type GPEC mise en place plusieurs années auparavant. Elle comprend entretien de progrès, formation au tutorat, construction et actualisation du référentiel de nos 35 mé­tiers, etc. », souligne Nathalie Pèpe-Aubry, responsable RH.

La chute d’activité a accéléré le déploiement d’un plan formation pluriannuel qui venait d’être bâti. « Nous l’avons réalisé en douze mois au lieu de trois ans. La mobilisation des partenaires a permis de trouver les financements en quelques semaines », se félicite Nathalie Pèpe-Aubry.

Dispensées dans les locaux d’ISA, ce qui a favorisé l’assiduité, les formations (perfectionnement technique surtout, gestion du temps et du stress, informatique/bureautique, lean, anglais, etc.) ont représenté un coût pédagogique de 250 000 euros, soit le double de l’effort annuel classique. L’Adefim Franche-Comté en a monté le financement. Elle a mobilisé les fonds chômage partiel du FPSPP, qui ont couvert l’intégralité des coûts pédagogiques des cursus non qualifiants et 70 % de ceux des 23 formations diplômantes, pour lesquels le conseil régional de Franche-Comté a apporté le solde, au titre de son programme de soutien aux entreprises en période de chômage technique, commun avec la Direccte.

Parcours qualifiants

Représentant un cumul de plus de 3 400 heures, les parcours qualifiants ont concerné pour moitié des salariés de plus de 45 ans. À l’issue, tous ont décroché leur CQPM, de niveaux V et IV pour l’essentiel, jusqu’à une licence d’assistante RH. Les cursus techniques, qui étaient majoritaires (usinage, galvanoplastie, injection, contrôle qualité…), ont été dispensés par l’AFPI.

« Faire accéder des salariés à un diplôme leur aurait donné plus de chances de se reclasser dans l’hypothèse d’une crise durable, qui ne s’est pas vérifiée » », souligne Philippe Truchot, directeur général d’ISA France.

L’initiative était une arme à double tranchant, à Villers-le-Lac plus qu’ailleurs : comme la Suisse commence au bout du village, elle faisait courir un peu plus le risque de voir filer ces talents rares dans le pays voisin aux salaires généreux.

Mais l’entreprise s’estime désormais parée. « Nos actions de fidélisation, par la qualité au travail, la reconnaissance ou encore la capacité d’évolution sur le poste portent leurs fruits, souligne Philippe Truchot. Le turnover dépassait 10 % au milieu des années 2000. Depuis plusieurs années, il est revenu dans les proportions de 3 % à 5 % et il s’y maintient. »

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON