logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

CanadaPLUS DE MOBILITÉ GÉOGRAPHIQUE POUR MOINS DE CHÔMAGE

Pratiques | International | publié le : 10.06.2014 | LUDOVIC HIRTZMAN

Le Canada veut renforcer la mobilité géographique des chômeurs en resserrant les aides aux demandeurs d’emploi, tandis que des provinces ou employeurs offrent des primes à l’arrivée. Mais ces migrations pourraient causer des difficultés aux provinces les moins attractives.

Près d’un siècle et demi après les pionniers attirés par l’Ouest et la ruée vers l’or, ce sont aujourd’hui les chômeurs canadiens qui rêvent des mines d’or du Yukon et des champs de pétrole de l’Alberta. La hausse du cours des ressources naturelles et de la production de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta a conduit les entreprises de la province à augmenter les salaires, alors que le gouvernement provincial a diminué fortement ses impôts. Le taux de chômage est de 4,9 % en Alberta et de 4,5 % dans la province voisine du Saskatchewan, contre 6,9 % pour la moyenne nationale. Une moyenne qui cache toutefois de fortes disparités avec des taux de chômage de plus de 9 % dans les provinces de l’Atlantique.

Migrations interprovinciales

Les bonnes conditions économiques de l’Ouest attirent donc les chômeurs, mais aussi les salariés en quête de meilleurs revenus. Selon de récentes enquêtes de plusieurs banques canadiennes, les migrations professionnelles entre les provinces moins aisées de l’Atlantique, du Québec, et même maintenant de l’Ontario, et l’Ouest ont atteint un niveau record depuis un quart de siècle. L’Alberta a reçu en 2013 50 000 travailleurs, soit 1,3 % de sa population. L’économiste principal de la Banque de Montréal BMO Capital Markets, Robert Kavcic, confie : « Cette mobilité soutient l’économie de l’Ouest canadien, principalement dans le domaine immobilier et dans celui de la consommation des ménages […] Ces migrations régulent de manière plus efficace le marché du travail dans le pays, en envoyant des travailleurs des provinces où il y a trop d’offres vers celles où il y a trop de demandes. » Les disparités économiques sont énormes dans le pays. Le salaire médian annuel est de près de 80 000 dollars en Alberta contre 51 000 dollars à Terre-Neuve ou encore 53 000 à Montréal !

Pour inciter les chômeurs à bouger, le gouvernement fédéral a durci les conditions d’accès au chômage. Si certaines provinces francophiles comme le Manitoba, où le taux de chômage n’est que de 5,7 %, aident les travailleurs immigrants francophones dans leur installation, les employeurs de l’Alberta s’arrachent la main-d’œuvre en proposant « des incitatifs sous la forme d’aides au logement et de billets d’avion », souligne Robert Kavcic. Sans compter un différentiel de fiscalité parfois important. « Je suis parti à Banff en Alberta pour tenter un nouveau départ. Mon salaire n’était pas élevé, mais les conditions de travail avec un hébergement à prix modique, l’accès à un centre de conditionnement physique et un spa, étaient excellentes. En plus, on ne paie presque pas d’impôts en Alberta », confie Alain Brazeau, employé dans un office de tourisme de cette province.

Autre exemple d’incitation avec Entrec, une entreprise de camionnage qui, pour attirer et garder ses employés, offrait de bonnes conditions salariales, des actions, mais aussi des primes de 1 000 à 5 000 dollars afin d’attirer d’autres travailleurs jusque dans sa région d’Edmonton (Alberta).

Attirer les travailleurs étrangers

Mais les migrations interprovinciales ne suffisent pas à combler la pénurie de main-d’œuvre dans l’Ouest qui, avec ses mines, son pétrole et son gaz, soutient l’économie nationale. Et les entrepreneurs ont obtenu du gouvernement fédéral un programme pour faire venir les travailleurs étrangers, principalement des pays en voie de développement. McDonald’s est d’ailleurs soumis à une enquête fédérale pour avoir employé dans des conditions proches de l’esclavage des travailleurs sud-américains en Alberta.

Ces migrations de population liées à l’accélération de la croissance à l’Ouest créent aussi de forts déséquilibres démographiques. « Certains gouvernements des autres provinces donnent des aides aux employeurs qui embauchent des diplômés de la province », note Robert Kavcic. Mais, dans ces régions moins attractives, les résultats sont décevants.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMAN