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Les crèches d’entreprise, levier de fidélisation

Pratiques | publié le : 22.04.2014 | DOMITILLE ARRIVET

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Les crèches d’entreprise, levier de fidélisation

Crédit photo DOMITILLE ARRIVET

De plus en plus d’employeurs font confiance aux prestataires de crèches pour accueillir les jeunes enfants de leurs salariés, répondant ainsi au souci d’une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.

À La Française, société parisienne spécialiste de l’Asset Management employant 450 personnes, l’idée de proposer des places de crèche aux salariés est venue du patron. C’était il y a tout juste un an. « Nous savions que l’obtention d’une place en crèche est un parcours du combattant. En prenant en charge cette question, nous voulions faciliter la vie de nos collaborateurs, simplifier le retour des jeunes mamans et leur éviter cette source de stress », explique Fabienne Florin, la DRH. Un an plus tard, elle prépare sa deuxième campagne d’attribution de places pour la rentrée de septembre, et ne tarit pas d’éloge sur ce système qui met en valeur l’entreprise pour un coût peu élevé (lire l’encadré).

Pour cette société, qui avait dénombré 87 enfants de moins de 3 ans chez ses salariés au moment où l’idée a germé, la perspective d’accéder à un réseau qui offre des places à proximité du domicile de chacun a tout de suite plu. Une vingtaine de demandes ont été déposées, et une douzaine de places attribuées. « Nous avons satisfait la majorité des demandes, certains ayant en chemin trouvé d’autres solutions », précise Fabienne Florin. La société a préféré ne pas définir de critères d’attribution drastiques, puisqu’il s’agissait surtout de satisfaire des salariés (60 % de cadres et 50 % de femmes) dont les compétences pointues font des collaborateurs à fidéliser. « Cette offre de places en crèche est maintenant inscrite dans notre accord contrat de génération », annonce la DRH.

Comme La Française, les employeurs sont nombreux à s’y être mis. Parmi les 25 000 places en crèche qu’elles gèrent, les entreprises de crèches en réservent aujourd’hui 15 000 à de grandes entreprises telles L’Oréal, PSA, GDF Suez, IBM, Renault… mais aussi à des milliers de PME avec des formules qui varient selon leurs besoins.

Accès démocratisé

« À l’origine, certaines grandes entreprises avaient pensé avoir leur propre crèche. On l’a vu notamment dans les ministères, les hôpitaux ou les organismes publics ou associatifs. Aujourd’hui, plus aucune entreprise n’a ce projet beaucoup trop complexe », souligne Rodolphe Carle, cofondateur du réseau de crèches Babilou, l’un des acteurs français de ce secteur, né en 2003 avec les premiers contrats de délégation de services public signés par les municipalités. Rapidement, les opérateurs ont préféré proposer à leurs entreprises clientes des crèches interentreprises, permettant de mieux répartir les aléas des demandes. Puis en 2009 – à l’initiative de Babilou, qui a été rapidement suivi par ses confrères –, les concepteurs de ces services ont pensé à mettre à la disposition de leurs clients des places de crèches isolées, disséminées sur le territoire, permettant aux salariés d’opter pour un mode de garde à proximité de leur domicile et non au pied de leur bureau. « Articuler notre offre en réseau a démocratisé l’accès à ce service. Autant pour de grosses organisations multisites qui combinent parfois crèche sur site et réseau, que pour des petites sociétés qui n’ont besoin que de quelques places », relève Rodolphe Carle. Le véritable essor de ces crèches privées date de cette innovation : « Alors qu’en 2009, 90 % des crèches d’entreprise étaient sur site, ce sont maintenant 90 % des places qui sont offertes en réseau », annonce Xavier Benoist, directeur du réseau 1 001 Crèches (propriété de Babilou). Pour leur développement, les professionnels du secteur sont cependant tributaires des investissements publics en matière d’infrastructures et de formation de personnel qualifié. « Notre profession milite pour que soient créées des passerelles entre les auxiliaires de puériculture et les titulaires de CAP. Nous sommes même prêts à financer les formations qui permettraient à nombre d’employés de crèche d’évoluer vers ces métiers en tension », plaide Rodolphe Carle, qui porte régulièrement ce message auprès des autorités compétentes de l’État.

Critères d’attribution

Si la gestion de l’attribution des places est déléguée aux gestionnaires des crèches – pour le plus grand plaisir des DRH, qui redoutent cette mission parfois épineuse lorsque les places manquent –, les règles restent à la main des employeurs en fonction de critères modulables mais préalablement définis. « Ce peut être des critères sociaux, de mixité, de ressources humaines tels que l’ancienneté, le niveau de salaire, les cadres ou les non-cadres… », détaille Rodolphe Carle. À L’Oréal par exemple, les critères sociaux président à l’attribution des places proposées par les sites de Chevilly-Larue et de Saint-Ouen en région parisienne. Une assistante sociale siège donc à la commission d’attribution, qui statue également en fonction de critères précis.

Le contingent des places que réservent les entreprises est souvent sans rapport avec leur taille. Ainsi Coca-Cola, qui compte 2 600 salariés en France, n’en propose qu’une quinzaine, alors qu’avec un effectif équivalent, la société Cardif en propose une quarantaine en Ile-de-France et en province. De son côté, le cabinet conseil Davidson Consulting, 1 000 personnes et 98 % de cadres âgés de moins de 30 ans, les 20 places sont même un levier de développement. « Pour nos collaboratrices, qui souvent ne souhaitent pas du tout interrompre leur carrière, ce service est un accélérateur pour leur évolution professionnelle. Et chez nos clients qui en entendent parler, cela nous donne bonne réputation », estime un directeur.

Un argument à ne pas négliger: d’après une étude réalisée par Babilou fin 2013 auprès d’un échantillon d’utilisateurs, 74 % des salariés et 78 % des cadres bénéficiaires d’une place en crèche se sentent plus fidèles à leur employeur depuis lors ; 81 % d’entre eux affirment même que cet avantage serait déterminant s’ils devaient changer d’employeur.

L’ESSENTIEL

1 Service autrefois réservé aux grandes sociétés, les crèches privées proposent désormais des formules adaptées aux PME.

2 Organisées en réseau, elles permettent aux salariés de choisir un mode de garde au plus près de leur domicile.

3 Les entreprises peuvent y voir un argument pour fidéliser leurs salariés: 81 % d’entre eux affirment que cet avantage serait déterminant s’ils devaient changer d’employeur.

Coût pour l’entreprise: entre 200 et 300 euros mensuels par salarié bénéficiaire

« Les crèches d’entreprise sont soumises au respect de la même réglementation que les crèches collectives de quartier. Pour les familles, le prix est identique puisque les barèmes de la Cnaf y sont appliqués », précise la Fédération française des entreprises de crèches, qui compte plus d’une vingtaine d’entreprises dédiées à cette activité, ouverte à l’initiative privée depuis 2004.

Quant à l’entreprise, elle devra débourser entre 200 et 300 euros par mois et par salarié bénéficiaire. Un montant qui correspond à la partie du coût qui n’est prise en charge ni par le crédit d’impôt familles ni par la CAF, dont les abondements sont plafonnés.

Selon le patron de Babilou, ce mode de garde en crèche plutôt qu’à domicile se traduirait, pour le salarié bénéficiaire, par un pouvoir d’achat net supplémentaire allant jusqu’à 300 euros par mois.

Auteur

  • DOMITILLE ARRIVET