Les classes laborieuses, naguère unies par la similitude des conditions de production auxquelles elles étaient soumises, tendent à se déliter du fait de l’individua­lisation des conditions de travail et de la mise en concurrence des travailleurs sur le marché de l’emploi comme au sein de l’entreprise. De même, la mise en coupe réglée des ressources naturelles au bénéfice des seuls exploiteurs remet en cause l’avenir de la planète, qui est pourtant le biotope de l’humanité tout entière.

Les États, supposés garants de l’intérêt collectif, n’ont eu de cesse, au nom des intérêts privés, de spolier leurs habitants du bien commun dont ils étaient dépositaires tant et si bien qu’ils n’ont aujourd’hui tout simplement plus les moyens d’imposer celui-ci aux firmes privées.

Les auteurs, l’un philosophe et l’autre sociologue, expliquent pourquoi, au nom de la démocratie et face à cette faillite de la dimension collective, il devient indispensable de réfléchir à la notion de communauté. La revendication “du commun” portée par les luttes sociales reste aujourd’hui la seule alternative au capitalisme néolibéral, qui a largement fait la preuve de son impéritie. Il ne s’agit pas pour les auteurs de la résurgence d’une quelconque forme de communisme, mais bien de l’émergence d’une nouvelle façon de contester un système économique qui cherche à généraliser l’appropriation privée de la culture et du vivant à toutes les sphères de la société.

Le propos de ce livre est de refonder de manière rigoureuse ce concept de “commun” en réarticulant les pratiques qui y trouvent leur sens et en réinterrogeant les notions de richesse et de valeurs.

Commun

Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte, 600 pages, 25 euros.