E & C : En quoi le débat sur le socle de connaissances et du compétences clés éligible au compte personnel de formation risque-t-il de “dévoyer” cette notion de socle ?

P. S. : Ce concept est sur une pente savonneuse, car on ne parvient plus à le définir. Depuis près de trente ans, on parle du lien entre savoirs de base et accès à la qualification et à l’emploi. Certains travaux suisses, canadiens, etc., font un lien direct entre compétences clés et activité professionnelle, mais la définition très large donnée par l’Europe en 2006 a contribué à perdre de vue ce lien entre socle de compétences clés et de connaissances et activités professionnelles. On y trouve, pêle-mêle, les compétences nécessaires à l’épanouissement et au développement personnels des individus, à leur inclusion sociale, à la citoyenneté active et à l’emploi.

Ces compétences clés européennes ne sont pas condamnables en soi. C’est l’utilisation qui en est faite qui pose souci pour des problématiques d’employabilité, d’insertion immédiate ou de transition professionnelle, du fait de sa déconnexion avec les situations professionnelles.

On est toujours dans une proximité déroutante avec le socle que doit construire la scolarité obligatoire.

E & C : La nouvelle définition du socle risque donc d’élargir encore la définition des compétences professionnelles clés ?

P. S. : Les formations éligibles au CPF sont celles (entre autres) qui permettent d’acquérir le socle de connaissances et de compétences qui sera défini par décret. Mais la tentation est grande d’y faire figurer des formations obligatoires, des cours d’anglais et autres.

À défaut d’identifier la contribution précise du socle de connaissances et de compétences dans l’acquisition ou le ré-apprentissage des savoirs fondamentaux, le socle à toutes les chances de devenir un nouveau concept valise.