Nos représentations des catégories socioprofessionnelles sont assez figées, et nous avons pris l’habitude de séparer nettement le salarié de l’étudiant, tout en sachant pourtant que nombre de ces derniers travaillent toute l’année pour financer leurs études et qu’une large majorité est abonnée aux stages et aux jobs d’été.

L’auteure, maître de conférences à l’université de Reims Champagne-Ardenne, explore la place des étudiants sur le marché du travail. Elle explique également que la période des études constitue un temps nécessaire pour se faire sa place dans l’univers professionnel et s’y familiariser, et ce, que l’étudiant soit ou non salarié. Les périodes peuvent se révéler inégalement rentables pour la vie professionnelle ultérieure, et l’auteure en distingue quatre.

Le temps “vide” des étudiants-salariés, qui se laissent submerger par les contraintes du travail et abandonnent leurs études, ne les prépare pas alors à grand-chose, il est juste un premier pas dans l’univers professionnel.

Le temps “suspendu” des étudiants issus des milieux populaires qui, faute d’un relationnel suffisant et du fait de la réduction des emplois publics, n’ont pas la certitude de trouver la place à laquelle théoriquement leurs études leur permettraient d’aspirer; le “temps laissé au temps” des étudiants de milieux plus privilégiés, pour qui la période estudiantine constitue un apprentissage en douceur de l’autonomie par rapport à leurs parents, et enfin, le temps “mis à profit” par les étudiants issus des filières d’excellence, qui se consacrent entièrement à l’acquisition des capitaux scolaires et sociaux qui leur permettront d’occuper les places les plus convoitées de la société.

À l’école du salariat

Vanessa Pinto, PUF, 350 pages, 29 euros.