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L’ECAM STRASBOURG TRANSPOSE LE LEAN DE L’ÉCOLE À L’ENTREPRISE

Pratiques | publié le : 11.03.2014 | CHRISTIAN ROBISCHON

L’école d’ingénieurs a mis en place une reproduction grandeur réelle d’un atelier de production pour aider les dirigeants et salariés à initier ou améliorer l’application du lean en entreprise.

Dans une salle bien visible à l’entrée de l’Ecam Strasbourg-Europe, sept postes de fabrication de petits chariots attendent les élèves de l’École du “lean”. Ce programme de formations concrètes à la mi­se en œuvre du célèbre système d’organisation est proposé depuis deux ans par la jeune école d’ingénieurs alsacienne, grâce à la reproduction en grandeur réelle d’un îlot de production.

Étalée sur 22 jours dans une année, la plus importante des offres de formation continue fait à chaque fois le plein de ses 12 places auprès de cadres et managers de proximité d’entreprises industrielles de l’Est, petites ou grandes, et plus ou moins avancées dans la démarche.

Quatre sessions se sont succédé. Pour le fabricant de boîtes aux lettres Renz à Woustviller (Moselle, 90 salariés), la formation est arrivée au meilleur moment : « En parallèle du déploiement du lean en usine, ce qui a permis des allers-retours instantanés entre théorie et pratique », observe Christophe Bour, directeur de production qui l’a suivie avec le responsable lean. « Elle a aidé à améliorer notre dispositif de rotation de postes toutes les deux heures, qui entend prévenir la répétitivité de gestes, source de TMS », ajoute-t-il. Deux autres encadrants de Renz suivent la session en cours.

Respecter un tempo régulier

Si l’ergonomie et la santé-sécurité au travail n’occupent formellement qu’un jour et demi, l’Ecam assure que ces thèmes sont présents d’un bout à l’autre de l’enseignement : « Nous avons conscience des risques d’une mauvaise application du lean. Nous montrons aux stagiaires qu’il n’est pas synonyme de surcadence ou de renonciation aux pauses, et qu’un rythme raisonnable suffit à atteindre les objectifs. L’important, c’est de respecter un tempo régulier », expose Benoît Grunewald, responsable de l’École du lean.

La formation met par exemple l’accent sur l’approvisionnement des pièces à hauteur d’homme ou de femme et la limitation des déplacements inutiles. Elle montre comment simplifier les ordres pour éviter le stress. Chaque poste de l’atelier-école comprend aussi un tapis antifatigue au sol et un dispositif de suspension des outils de travail à hauteur du salarié. Ces deux aménagements se retrouvent dans l’usine Vossloh-Cogifer à Reichshoffen (Bas-Rhin, 100 salariés). Le fabricant de systèmes de signalisation ferroviaire, déjà familier du Kaizen, a envoyé son responsable lean à l’Ecam. « La formation nous permet de mieux savoir vers où nous allons. Elle nous aide à expliquer en expressions simples, et ainsi à démythifier les termes japonais qui peuvent déstabiliser », juge Julien Schaeffer, directeur du site.

En conjuguant le contenu de la formation et sa propre recherche d’améliorations au quotidien, l’usine a pu multiplier les aménagements réducteurs de pénibilité : établi réglable en fonction de la taille de l’opérateur/opératrice, système sur roulettes pour pousser des éléments lourds plutôt que les lever, alimentation des pièces concentrée sur le bord de ligne pour éviter les allers-retours fastidieux, récupération des pièces sur un plateau tournant, visseuse à démultiplicateur de couple pour alléger les gestes répétitifs facteurs de TMS, etc. Au sein de son groupe allemand, Vossloh-Cogifer Reichshoffen a remporté le “lean manufacturing award” pour l’année 2012.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON