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Le repreneur a respecté le deal

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 11.03.2014 | C. R.

Dans l’usine de boîtes de vitesse, l’accord de maintien d’activité moyennant une baisse temporaire de 10 % du coût de main-d’œuvre a résisté au changement de propriétaire : le successeur de General Motors reprend à son compte les engagements consentis par le constructeur américain.

Les propriétaires passent, les engagements restent : l’accord de “maintien de l’emploi” avant l’heure, signé en 2010 dans l’usine General Motors de Strasbourg, a été respecté dans sa teneur, alors même que le constructeur américain n’est plus là pour l’appliquer. Depuis, il a cédé le site à Punch Metals International, un équipementier belge.

Il y a quatre ans, GM avait mis une pression sans équivoque sur son usine alsacienne de boîtes de vitesse, lui demandant de baisser de 10 % le coût de sa main-d’œuvre pour gagner une nouvelle commande jugée vitale face à la concurrence interne d’un site au Mexique. L’économie ne suffisait pas à compenser le différentiel avec l’Amérique centrale, mais elle réduisait l’écart de façon suffisante pour justifier l’attribution du contrat au site d’Europe de l’ouest.

Référendum

La négociation avait permis de trouver cette économie sans toucher au salaire : renonciation à 6 jours de RTT sur 16, gel des salaires pendant deux ans et de l’intéressement pendant trois ans. Favorables au texte, la CFDT, la CFTC et FO avaient organisé un référendum consultatif en juillet 2010, deux semaines avant la signature. Parmi les quelque 1 000 salariés, 97 % avaient participé au scrutin et 70 % des votants avaient dit oui. Non signataire, la CGT s’engageait à ne pas dénoncer le texte.

De son côté, l’employeur promettait de maintenir les emplois et le niveau d’activité par une série d’investissements. Repreneur en janvier 2013, Punch a respecté le deal. Un protocole annexé à son contrat de rachat l’engage à ne pas licencier pendant cinq ans. De fait, les effectifs sont stables, à 980 salariés. Des investissements sont affectés au niveau prévu : 155 millions d’euros, ce que confirment les syndicats. Plus de la moitié est financée par GM grâce à la réserve de cash qu’il a laissée.

Les commandes de l’ancien propriétaire, qui courent jusqu’à la fin de l’année, puis un gros contrat avec l’équipementier allemand ZF garantissent un niveau d’activité jusqu’en 2017, qu’il s’agit toutefois de compléter par d’autres marchés. « C’est une visibilité d’une ampleur inédite pour nous », souligne Christelle Einhorn, DRH du site.

Quant au gel des salaires et de l’intéressement, il est bien terminé. Les NAO se sont rouvertes en 2012 (2,5 % d’augmentation générale) puis l’an dernier pour un paquet commun 2013 (1 % d’augmentations individuelles) et 2014 (1 % d’AG et 1 % d’AI) avant le retour promis par la DRH à un rythme annuel. La CFDT et la CGT (la CFTC et FO ont fait les frais de la réforme de la représentativité) font une lecture différente de ces négociations : « Elles débouchent sur une augmentation générale et individuelle de 5,5 % sur trois ans, ce qui est tout à fait correct au regard de ce qui se pratique actuellement dans la métallurgie », estime Jean-Marc Ruhland, délégué CFDT et secrétaire du CE. La CGT, retient l’absence d’augmentations générales en 2013 avant un « petit 1 % » en 2014 complété par 1 % d’augmentations individuelles. « Entre pas grand-chose et rien du tout », selon elle.

Années de transition

Que ces augmentations soient modestes, Christelle Einhorn le reconnaît, tout en invitant à la patience. « Les salariés savent que nous traversons des années de transition avec un cash limité. Mais, si le lancement de la nouvelle boîte de vitesse pour ZF réussit, la porte s’ouvrira pour des améliorations », expose la DRH. Un lancement « irréprochable sur les coûts, la qualité et le délai » donnera d’ailleurs droit à une prime dont le montant se négocie actuellement, ajoute-t-elle. L’intéressement est revenu comme prévu. Il est inscrit dans un accord signé l’an dernier par la CFDT. Un premier versement de 300 euros interviendra cette année.

OSRAM A “DÉGELÉ” LES SALAIRES

Autre usine bas-rhinoise (750 salariés) relevant de la métallurgie, les am­poules Osram de Molsheim ont conclu en 2009 un accord sur la hausse du temps de travail à 35 heures effectives au lieu de 33 h 20, et sur un gel temporaire des salaires, en échange du maintien de l’emploi pendant cinq ans. Celui-ci était en partie menacé par l’interdiction, devenue effective depuis, des lampes à incandescence en Europe. Là aussi, le deal est globalement respecté.

Sur les salaires, le principe consistait à renoncer à 5 % de hausse “naturelle” qui aurait résulté des NAO et de l’alignement sur l’inflation. La direction avait calculé que le gel durerait deux à trois ans, et c’est bien au bout de deux ans que les NAO se sont rouvertes. Elles ont débouché l’an dernier sur une augmentation générale de 1,3 % – environ 3 % en ajoutant les augmentations individuelles, pour ses bénéficiaires. Les investissements pour convertir le site aux ampoules halogènes et le rapatriement de capacités d’autres usines étrangères ont bien été réalisés. La production est repartie à la hausse. Conséquences : une équi­pe de week-end a été remontée et l’entreprise a stoppé le mouvement de reclassement interne vers la logistique, qui avait été initié pour compenser l’éventuelle baisse des charges de travail.

Perte d’emploi « Mais l’emploi permanent a diminué de 30 personnes en production, au compte-gouttes, sans PSE, par non-remplacement de départs. La charge de chaque salarié a augmenté et l’on recourt aux intérimaires », critique Stéphane Gangloff, élu CGT au CE. Aux élections professionnelles de 2010, dans le collège ouvriers, cette organisation a brisé le monopole de FO, dont la gestion de la crise de l’année précédente n’a pas fait l’unanimité.

Auteur

  • C. R.