Quelles que soient les promesses en période électorale, la pauvreté et le chômage progressent. La société tend à dispatcher les gens en deux groupes : les salariés et les assistés, ces derniers jugés responsables de leur infortune. Emmaüs, depuis sa création, se bat contre cette bipolarisation.

Certes, certaines personnes ont besoin d’être accompagnées pour sortir de l’exclusion, mais elles n’en restent pas moins des citoyennes à part entière qui peuvent aspirer à vivre de leur travail. Pas d’assistance donc, chez Emmaüs, mais une invitation à se retrousser les manches pour sortir de la galère, avec l’aide d’un groupe.

L’auteur, avocat et président d’Emmaüs, explique comment le statut d’organisme d’accueil communautaire et d’activité solidaire (Oacas) institué en 2008 permet, sans coûter un sou à l’État, de remettre le pied à l’étrier à des gens sortis depuis longtemps du circuit de l’emploi. La contrepartie pour les communautés est une liberté d’innovation et d’invention en matière de réinsertion, sans normes ni contrôles tatillons de l’administration, ni même d’objectifs chiffrés.

Ce modèle communautaire assorti d’une démarche active des intéressés pour se prendre en main constitue pour l’auteur une expérience réussie, dont les politiques auraient tout intérêt à s’inspirer.

Il y voit notamment l’occasion de remettre en cause la montée de l’individualisme et de la compétition qui isolent les individus et fragilisent les solidarités.

Un Job pour tous

Christophe Deltombe, Autrement, 134 pages, 12 euros.