Les salaires des métiers de l’aide à domicile sont parmi les plus bas, bien qu’ils exigent à la fois du doigté et des compétences multiples de la part des salariés. Une aide à domicile ne fait pas que le ménage, elle se charge des repas, du repassage, fait la conversation, etc. Bref, relève de sa compétence toute la panoplie des soins du care, traditionnellement dévolus aux femmes.

Les faibles niveaux de rémunération dans ce secteur traduisent le peu de valeur que la société accorde à ces compétences, parce qu’elles sont supposées naturelles aux femmes. À partir de plusieurs enquêtes de terrain, menées entre 2008 et 2012 avec le soutien de la Mission recherche de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et celui de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), les auteurs, tous trois sociologues, expliquent l’ambivalence de la notion d’aide, mais aussi les composantes économiques, politiques et sociales de l’aide à domicile.

Ils mettent notamment en opposition le principe de confiance qui préside aux relations entre l’assistante et la personne âgée en position de vulnérabilité et la dévalorisation tant des savoir-faire que des conditions d’emploi de ces métiers presque exclusivement féminins (horaires fragmentés, temps partiels subis, non prise en compte des temps de transport, travail précaire…). Du fait de sa complexité et de l’imbrication de modèles économiques domestiques, de service, industriels, de bénévolat… l’aide à domicile ressemble davantage à un cauchemar kafkaïen qu’à l’eldorado attendu de gisements d’emplois de proximité non délocalisables.

Le Salaire de la confiance

Florence Weber, Loïc Trabut, Solène Billaud, éditions Rue d’Ulm, 368 pages, 24 euros.