Deux ans après l’adoption d’une charte sur les horaires de réunions, les pratiques évoluent peu, selon la CFDT. Et la direction n’a rien prévu pour la faire respecter.
La direction d’Axa France a signé, en janvier 2012, une charte « pour mieux travailler ensemble ». Un paragraphe sur « l’optimisation des réunions et le bon usage des mails » stipule de « planifier les réunions dans une plage comprise entre 9 h et 18 h » et d’éviter les jours où les participants ne sont pas tous présents, à savoir le mercredi. Pour lui donner du crédit, cette charte a été signée par tous les membres du comité exécutif d’Axa France et est affichée dans toutes les salles de réunion.
La démarche trouve son origine dans deux enquêtes auprès de salariés, qui pointaient, parmi les freins à la promotion, les modes d’organisation du travail et la culture du présentéisme, préjudiciables à certains salariés, notamment aux femmes. D’où l’idée d’une charte pour impulser un changement culturel.
« On ne peut être que favorable à ces mesures visant à préserver la vie privée, souligne Frédéric Souhard, délégué syndical central CFDT. Tout le problème est de les faire appliquer sur le terrain afin qu’elles ne restent pas purement incantatoires. » Et c’est là que le bât blesse. L’application de la charte ne fait pas partie des critères d’évaluation des managers, qui pourtant y sont désignés comme « premiers garants de l’équilibre de vie de leur équipe ».
L’accord d’entreprise sur la qualité de vie au travail, qui fait référence à la charte dans son préambule, ne prévoit pas non plus de suivi de son application. Résultat, deux ans après l’entrée en vigueur de la charte, la direction ne dispose d’aucun indicateur précis sur le respect de ces plages horaires de réunion.
Elle n’a d’ailleurs pas cherché à en savoir davantage : pas de questionnaire adressé aux salariés, pas de question sur ce point dans le baromètre annuel de satisfaction. « Ce baromètre social confirme seulement que les salariés connaissent l’existence de cette charte, indique Caroline Canavese, directrice de la diversité et des études RH d’Axa France. Même si elle n’est pas respectée à 100 %, cela crée du débat, et ces horaires sont devenus la norme dans l’entreprise. »
Une norme bien peu respectée, si l’on en croit la CFDT : « Sur le terrain, on voit des réunions qui commencent à 18 h, et je connais des directeurs d’Axa France qui fixent des réunions à 19 h, auxquelles les cadres sont tenus d’assister », rapporte Frédéric Souhard. À ce jour, la méthode « charte » n’a pas encore prouvé son efficacité.
