Les Français semblent toujours plus nombreux à tourner le dos à l’Europe. À quelques mois des élections la concernant, la situation est préoccupante. Ils accusent l’union de tous les maux de la mondialisation : chômage, financiarisation de l’économie, baisse du pouvoir d’achat, recul de la cohésion sociale… S’ils n’ont pas tout à fait raison, ils n’ont pas tort non plus. L’Europe actuelle défend depuis plusieurs décennies une vision économique néolibérale qui tend à aggraver la fracture sociale. Pourtant, le projet européen ne peut être réduit à cela.

Si l’Europe sociale non seulement ne progresse pas mais encore pâtit de la politique menée à Bruxelles, qui renforce la concurrence entre les États et entre les hommes au nom d’une fluidification du marché du travail, la France et les Français auraient sans doute tout à perdre à se replier frileusement sur leurs frontières. La dette publique augmenterait dans des proportions vertigineuses, le prix de nos importations s’envolerait quand nos exportations seraient pénalisées par ce renchérissement et par la contraction du marché extérieur. Cela reviendrait, de fait, à faire baisser le pouvoir d’achat et à aggraver notablement le chômage et la pauvreté.

Face à la montée du souverainisme, c’est la démocratie elle-même qui risquerait de se retrouver en péril. C’est la perspective de ce marasme généralisé qui a décidé l’auteur, journaliste à France Inter et à Libération, à prendre la plume pour un fervent plaidoyer en faveur non de l’Europe actuelle mais du projet européen de paix, de prospérité et de démocratie. Ce n’est pas parce que les dirigeants actuels ne sont pas à la hauteur qu’il faut y renoncer. L’auteur n’exclut cependant pas qu’il soit déjà trop tard pour réconcilier les Français avec l’Europe.

Intime Conviction

Bernard Guetta, Seuil, 196 pages, 17 euros.