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Enquête

UNE ANALYSE DE LA CHARGE DE TRAVAIL

Enquête | publié le : 04.02.2014 | V. L.

L’afficheur publicitaire a déployé un diagnostic pénibilité, a adapté des équipements et, surtout, a engagé une analyse de la charge de travail des afficheurs, dont il compte pérenniser les enseignements avec un outil informatique.

Coller et placer des affiches dans les abris voyageurs, les rues, les parkings, les centres commerciaux, les bus, les métros, tout en étant soumis aux aléas climatiques, notamment au vent, nul doute que le métier soit éprouvant. Sans compter que les afficheurs sont âgés en moyenne de 46 ans et demi.

En travaillant à son diagnostic pénibilité, Clear Channel a identifié 317 salariés soumis à des facteurs de pénibilité. « Nos métiers techniques sont particulièrement exposés aux postures pénibles: position forcée des articulations plus de 4 heures par jour et position debout prolongée plus de 6 heures, tandis que, sur les plates-formes d’assemblage, les salariés travaillent en posté pendant 7 heures d’affilée », explique Olivier Peytavin, directeur de la sécurité et du développement durable.

Sous l’impulsion du comité exécutif en faveur de l’élaboration d’une politique santé-sécurité et dans la foulée d’un accord sur la santé et la sécurité au travail signé en mars 2011 par la CGT, FO, l’Unsa et le syndicat maison Flag, plusieurs initiatives ont été engagées afin d’améliorer les conditions de travail.

Des investissements ont été réalisés pour moderniser les sites de production et sécuriser le travail dans la rue, et des actions prioritaires de prévention ont été lancées, par entité et par métiers. Sur les plates-formes de préparation, l’entreprise a fourni des machines semi-automatiques, aidant à l’enroulage des affiches, afin de soulager la gestuelle de l’enroulement, source de fatigue et de contraintes musculaires et articulaires. L’aménagement de véhicules utilitaires pour limiter le port de charges a aussi été engagé.

« Pour les afficheurs de panneaux de 8 mètres carrés déroulants, du fait du port de charges, des gestes répétitifs et du travail en hauteur notamment, nous avons constitué un groupe de travail sur la charge de travail », indique Olivier Peytavin. Y sont présents à ses côtés deux autres directeurs opérationnels, les membres du CHSCT, des afficheurs, les RH et un consultant, Cogite, spécialisé dans la mesure du temps.

Cette mission qui a commencé fin 2010 est en train de se terminer. Le consultant a accompagné les afficheurs sur le terrain pour comptabiliser les temps et analyser les contraintes de sécurité et d’ergonomie. Résultats: « Il s’est avéré que les journées de travail consacrées à l’affichage étaient souvent trop chargées, les salariés n’avaient pas le temps de gérer les aléas éventuels – très fréquents – et de récupérer. »

Clear Channel en a tiré les enseignements et a décidé de permettre l’affichage sur trois jours au lieu de deux, modifiant ainsi son organisation du travail, depuis mars 2013. « Cela a impliqué de changer nos conditions générales de vente, et nous avons permis d’afficher jusqu’au jeudi alors qu’auparavant, les affichages se réalisaient uniquement le mardi et le mercredi », explique le directeur de la sécurité. Aujourd’hui, l’entreprise travaille à l’élaboration d’un outil informatique pour calculer la charge de travail en introduisant les recommandations de l’expert.

Ergonomie et récupération

L’afficheur a également lancé un programme de formation, CAP Santé: des ostéopathes et des kinésithérapeutes sont venus former 700 salariés aux leviers de la santé sur leur poste, pour leur apprendre à soulager leurs gestes, et les aider à mieux récupérer après un effort physique. L’objectif est de former tous les salariés d’ici à la fin de l’année. Sur la plate-forme de Wissous, qui a bénéficié de ce programme et a vu aménager ses machines, « on a diminué de 75 % les accidents du travail liés aux postures », souligne Olivier Peytavin. Si José Ferreira, délégué CGT, reconnaît certaines améliorations et apprécie l’intérêt du logiciel sur la charge de travail, il reste vigilant sur son utilisation concrète. Mais surtout, ses critiques portent sur le sort des salariés inaptes: « Trente-cinq inapti­tudes en sept ans et zéro reclasse-ment », regrette-t-il, même si les salariés sont partis avec une prime de 15 000 euros à partir de dix ans d’ancienneté. Ils ne peuvent plus retrouver de travail.

Selon Olivier Peytavin, l’entreprise a encore beaucoup de travail à réaliser, notamment sur le sujet de la polyvalence des salariés. « Nous avons initié une approche prospective, notamment dans le cadre de nos discussions avec les partenaires sociaux, visant à définir des évolutions possibles vers d’autres activités afin de limiter dans le temps leur exposition au risque, avance le directeur sécurité. Depuis 2012, la polyvalence a été introduite dans les référentiels de compétences. La capacité à intervenir sur différents mobiliers devrait par exemple nous conduire à définir des passerelles entre différents postes. » En 2014, la DRH étudiera le déploiement d’un chemin de carrière prévoyant le passage au bout d’un temps défini sur un autre poste moins pénible.

CLEAR CHANNEL

• Activité : communication externe.

• Effectifs : 1 050 collaborateurs en France.

• Chiffre d’affaires : 256 millions d’euros en 2012.

Auteur

  • V. L.