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Enquête

FAVORISER LA MOBILITÉ INTERENTITÉS

Enquête | publié le : 08.10.2013 | N. L.

Comptoir de la mobilité, équipe corporate dédiée, préparation au futur poste, clause de retour… le groupe Crédit agricole veut créer des passerelles entre ses entités, sur la base de l’accord GPEC de 2012.

C’est un accord GPEC de groupe très opérationnel que les principaux syndicats de Crédit Agricole SA ont signé le 6 juillet 2012. La partie III détaille en effet les outils et les modalités pour développer la mobilité interne entre les différentes filiales (dont LCL) et avec le siège, soit un périmètre de près de 40 000 salariés (hors caisses régionales). Car « plus de 88 % des mobilités en 2011 ont été réalisées au sein d’une même entité », écrivent les signataires.

« Le défi est complexe au regard de la grande diversité des métiers, mais crucial pour ne pas figer le groupe, car le nombre de postes à pourvoir est très faible dans certaines entités, plutôt élevé dans d’autres, estime Isabelle Collignon, directrice du développement RH de Crédit Agricole SA. Compte tenu du nombre de filiales et de process existants, il n’a pas été simple de se mettre d’accord, mais nous tenions à établir des règles communes fines. »

Vision globale et plan d’action groupe

D’où la conception d’un “comptoir de la mobilité”, piloté par une équipe créée au niveau corporate à cette occasion, qui se déplace sur les sites. Objectif : développer une vision globale – pas limitée à une entité ou à une ligne métiers – et un plan d’actions groupe. Chaque salarié peut s’inscrire sur l’intranet à des ateliers mobilité d’une demi-journée pour rédiger un CV ou construire un projet professionnel. L’outil existait déjà, le nombre de sessions a été doublé pour accueillir plus de 100 salariés sur le seul premier semestre 2013, contre 66 pour toute l’année 2011.

Par ailleurs, les forums métiers, jusque-là destinés aux étudiants, sont désormais étendus aux collaborateurs (Mobilidays). En juin, près de 500 salariés y ont participé.

L’accord cible en priorité ceux qui n’ont pas changé de fonction depuis au moins cinq ans. « C’est pertinent, assure Joël Gérin, DSC CFDT, car un salarié bouge en moyenne tous les dix-douze ans. La mobilité interne, surtout entre les entités, ne fait pas partie de la culture, et est souvent freinée par les managers. » Pour Isabelle Collignon, « le groupe a une responsabilité forte en matière d’employabilité ; un salarié en poste depuis dix ans appauvrit généralement son potentiel, sauf s’il a fait le choix de développer son expertise ».

Le candidat à la mobilité peut utiliser trois jours ouvrés (par période de trois ans) pour préparer son CV, son projet professionnel, ses entretiens. Une fois son projet validé, il passe jusqu’à trois entretiens avec le manager et/ou le RRH. Il peut bénéficier d’une période d’immersion d’un à cinq jours dans l’entité qu’il envisage de rejoindre. Le choix final doit être « formalisé et explicité » à chaque candidat, indique l’accord. Le salarié retenu doit pouvoir rejoindre son poste un à trois mois plus tard, selon son statut. Avec, à la clé, une convention de mobilité tripartite qui reprend ses droits à ancienneté et ses heures de DIF, garantit le maintien de sa classification et de son salaire et prend en charge divers frais d’installation en cas de mobilité géographique, ainsi que l’accompagnement professionnel du conjoint. « En cas d’échec sur le nouveau poste, nous proposons une autre affectation ou un retour sur un poste équivalent », ajoute Isabelle Collignon.

« Un certain nombre de dispositifs sont intéressants, mais la capacité des managers à suivre les consignes est très variable, juge un représentant du SNB-CGC. Parfois, les salariés attendent un poste longtemps après s’être déclarés en mobilité. » Pour autant, le syndicat a paraphé l’accord, après avoir obtenu « la réduction du recours aux prestataires externes », qui contribuait à « assécher le marché du travail interne ».

Pour l’heure, le nombre de mobilités interentités reste stable. « On est au tout début, réfléchir à son évolution de carrière prend beaucoup de temps, justifie Isabelle Collignon. Mais sans ces dispositifs, le nombre de mobilités aurait chuté. » Reste aussi à s’assurer que la ligne managériale, traditionnellement autonome, s’approprie ces nouvelles règles.

GROUPE CRÉDIT AGRICOLE SA

• Activités : banque de détail et d’investissement.

• Effectif : 79 282 salariés.

• Produit net bancaire 2012 : 16,3 milliards d’euros.

Auteur

  • N. L.