Dès la première année, l’objectif a été dépassé à France Télécom (devenu, depuis, Orange), avec 17 millions d’euros d’engagements auprès du STPA, contre 15 prévus dans l’accord de 2011. Une partie de cette somme (8 millions d’euros) porte sur l’entretien d’espaces verts et le nettoyage, notamment des cabines téléphoniques. Environ 3,5 millions d’euros concernent des travaux de back-office (phoning, mailing…). Enfin, 3 millions d’euros sont investis sur des travaux d’entretien du réseau (branchement des fils dans les bornes…).

Cette partie est d’ailleurs en augmentation. « Elle est très prisée par les Ésat, explique Anne-Marie Dunet, responsable diversité aux achats de l’opérateur télécom, car c’est un travail technique, requerrant des compétences précises et valorisantes, et à faire dans toutes les villes. Les intervenants d’Ésat sont formés par nous et intégrés dans nos équipes. L’enjeu à venir sera de passer du cuivre à la fibre »

Bien que la politique soit globalement à la réduction des achats, Orange dit vouloir tenir son engagement de 15 millions d’achats par an au STPA. Pour cela, une seule ligne de conduite : acheter au plus près des besoins en recherchant les compétences et en sensibilisant fortement les acteurs internes. C’est le rôle d’Anne-Marie Dunet qui, depuis deux ans, développe des actions vis-à-vis de trois cibles internes.

Tout d’abord, les acheteurs en tant que tels. Stricto sensu, le nombre d’acheteurs France est de 110, auxquels il faut ajouter leurs managers (une vingtaine) et les directeurs de domaines (les quatre n–1 du directeur des achats France). Ils sont formés par Sciences Po aux sept étapes de l’achat, mais surtout suivent une formation interne à la RSE, délivrée par le directeur stratégique des achats, incluant les rapports avec le STPA.

Les managers de tout rang sont la deuxième cible. Ils bénéficient d’une animation par an, menée avec des témoignages d’Ésat et d’autres entreprises (SNCF, Air France…). Avec un message central : « Rien n’est impossible, le STPA peut intégrer tous les segments de marché. » Un guide d’achats et un guide des prestataires leur sont fournis. « Les managers sont importants, car ils sont utilisateurs possibles de prestations du STPA, mais ils sont aussi source de motivation pour leurs acheteurs », justifie Anne-Marie Dunet.

Enfin, troisième cible, tous ceux qui peuvent être prescripteurs, comme par exemple les assistantes. « Elles ont un très fort pouvoir, car elles opèrent pour leurs managers. Un intranet et des guides les aident également », précise Anne-Marie Dunet.

Mais, ajoute-t-elle, « j’aurais tendance à dire que nous sommes tous prescripteurs : l’ensemble des salariés du groupe. À titre d’illustration, deux personnes des achats – une partant à la retraite et une travaillant sur une fonction transverse – m’ont sollicitée tout récemment après notre entretien pour avoir des noms d’Ésat ou d’EA dans le cadre privé de leurs activités pour faire effectuer des travaux d’entretien d’espaces verts. Cet exemple souligne l’importance de la nécessité de travailler sur un changement des mentalités et de lever les freins psychologiques que nous avons tous, sciemment ou inconsciemment. Un objectif quantitatif est un levier important et qui aide à booster les achats au STPA. Mais parallèlement, l’animation à toutes les strates de l’organisation est indispensable. D’où l’importance des outils à mettre en place : guide des achats au STPA, guide des prescripteurs, mais également des guides par prestations, et les tables rondes avec les managers. Je me sers également du réseau RH et du réseau des communicants du groupe pour faire connaître le travail des acheteurs et donner du sens au référencement d’entreprises du STPA par le groupe ».

Bilan de plus d’« un an et demi d’animations incessantes et de piqûres de rappel » ? « La fin de la plupart des blocages intellectuels sur cette question, une très bonne prise en main des guides, une incorporation de l’option STPA dans quasiment tous les sourcings de recherche de prestataires, énumère Anne-Marie Dunet. C’est un travail de longue haleine. Il faut rebondir sur cette question à tous les instants et faire feu de tout bois. Une des phrases de l’accord précise que les sites sans restauration collective pourront faire appel aux prestations du STPA, c’est d’une grande aide pour développer ce type d’achats ! Le buffet du dernier séminaire achats a été réalisé par un Ésat avec beaucoup de qualité. J’ai convaincu le directeur des achats d’évoquer ce point dans son intervention publique : c’est ce genre d’initiative qui a une influence majeure sur les attitudes. Mais cela demande de rebondir intellectuellement en permanence pour saisir toutes les occasions. J’espère que, dans vingt ans, mon poste ne sera plus utile. »

• Activité : télécommunication.

• Effectif : 90 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 10 milliards d’euros en France.