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La peur de l’échec

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 24.09.2013 |

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La peur de l’échec

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Si l’on veut vivre une vie intéressante, créative, enrichissante, il faut se dégager de la peur de se tromper. Qui ne tente rien n’a rien, dit-on effectivement, mais à la différence des Anglo-Saxons ou des Nordiques, les Français ont du mal à considérer l’échec comme une étape indispensable de l’évolution personnelle. Pourtant, quand un enfant perd l’équilibre et tombe en apprenant à marcher, on ne dit pas « Ah mon Dieu, cet enfant ne marchera jamais ! ». Au contraire, on se dit qu’il est sur la bonne voie et qu’il va forcément progresser.

Retour dans l’entreprise. Échouer n’est pas bien accepté ; c’est pour les faibles ou ceux qui n’ont pas de chance. Les bons éléments, eux, font un parcours sans faute. La preuve : supposons qu’un collaborateur se trompe en réalisant une tâche. Quelle est notre première réaction ? Le comprendre et penser qu’il va apprendre de ses erreurs ? Ou s’énerver et lui coller l’étiquette de personne peu compétente qui ne réfléchit pas à ce qu’elle fait. Les entreprises sont peuplées de personnes qui attendent un travail parfait. Le paradoxe est que l’on y prône souvent les bienfaits de l’organisation apprenante ! Comment une entreprise peut-elle devenir apprenante si l’on ne se met pas en posture d’expérimenter, d’essayer, de progresser ? Comment peut-on tirer les leçons de l’expérience si le cadre professionnel dans lequel on évolue ne donne pas le droit à l’erreur ?

Les incubateurs de start-up prônent une logique radicalement différente. « Échouez très tôt, échouez souvent »… afin d’apprendre plus vite bien sûr. Avancer par essai-erreur n’est pas mourir, c’est progresser ! Grâce à cet entraînement, les jeunes entrepreneurs restent confiants sur ce qu’ils peuvent tirer d’un échec plutôt que d’être obnubilés par ce qu’ils risquent de perdre.

Une transformation similaire de nos façons de penser serait grandement nécessaire dans la vie personnelle. Quand on veut s’attaquer à un projet qui nous tient à cœur, combien de fois ne tremble-t-on pas à l’idée de ne pas savoir faire, de produire quelque chose de médiocre, de paraître ridicule vis-à-vis des autres ? Comme si l’on devait se sentir au top avant de se lancer. Des centaines d’initiatives sont ainsi reportées, des rêves finissent enterrés parce qu’on ne se sent pas prêt. A-t-on conscience que cette crainte de “mal faire” ou de “ne pas réussir” nous amoindrit, nous ronge à petit feu ?

La vitalité et l’énergie viennent en testant des choses, en se lançant. Quand un jeune installe un nouvel appareil électronique, il ne regarde pas la notice. Il essaie, explore et finit par trouver. Chez les adultes aussi, une certaine culture de l’expérimentation entre dans les mœurs. C’est le moment de ressortir les projets des placards : tester son idée auprès de son entourage, regarder comment font ceux que l’on admire, oser se lancer, demander de l’aide, s’entourer de personnes bienveillantes qui nous soutiennent, changer de méthode si les résultats recueillis ne sont pas probants, et bien sûr s’interroger sur ce que l’on apprend au cours de cette aventure. L’école nous a trop marqué l’esprit, avec ses bons et mauvais points et la notion péremptoire de “bonne réponse”. Il serait temps de s’émanciper et de choisir plutôt l’école de l’envie, de la curiosité, de l’expérimentation… et de la vitalité. L’école de la vie en somme.