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Les papiers-cartons confient leurs recrutements aux centres de formation

Pratiques | publié le : 10.09.2013 | LAURENT POILLOT

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Les papiers-cartons confient leurs recrutements aux centres de formation

Crédit photo LAURENT POILLOT

Les partenaires sociaux de l’intersecteur papiers-cartons et neuf établissements de formation travailleront en réseau pour mieux recruter et former les salariés tout au long de la vie.

Les 800 entreprises des secteurs papiers-cartons vont pouvoir demander aux organismes de formation de leur procurer la main-d’œuvre qui ne vient plus à eux. Le 25 avril 2013, les fédérations professionnelles, les organisations syndicales et neuf centres de formation (1) de la filière ont créé l’Association filière de formation (Afifor), dont la feuille de route est de développer une “marque employeur” pour les métiers papetiers, de la communication imprimée et des biomatériaux. Selon Bernard Pineaux, directeur de l’école d’ingénieurs Pagora, « un tel rapprochement, au plan national, approuvé par les partenaires sociaux, est sans précédent ».

“Même pas peur”

Pour sa première année de fonctionnement, l’Afifor est financée à hauteur de 200 000 euros par les centres de formation eux-mêmes. Ce budget a été utilisé notamment pour une campagne de communication dont l’intitulé, “Même pas peur” (2), en dit long sur les préoccupations de transformation des entreprises de l’intersecteur, où les plans de recrutement succèdent aux PSE. « Il n’existait aucune stratégie d’image globale de la filière face aux représentations d’industrie papetière destructrice d’emplois. Nous y remédions en nous adressant à la fois aux jeunes, à leurs parents, aux formateurs, aux employeurs et aux Opca », raconte Isabelle Margain, la responsable opérationnelle d’Afifor. La campagne est actuelle­ment menée dans les régions, auprès des prescripteurs locaux de l’emploi-formation.

L’association doit par ailleurs aider à améliorer le sourcing des candidats, alors que les offres non pourvues à tous les niveaux de qualification se comptent par centaines. Isabelle Margain espère équiper rapidement les établissements de formation d’un assessment center mutualisé, capable d’évaluer l’aptitude des candidats à occuper un poste industriel, en plus des connaissances requises pour réussir son diplôme. Les centres intégreront ainsi de nouvelles compétences en recrutement, quel que soit le public concerné. En attendant, la responsable opérationnelle d’Afifor discute avec les entreprises de la chimie et du médicament qui ne peuvent pas titulariser en CDI leurs apprentis ingénieurs : elle les verrait bien se relancer dans des PME de transformation des biomatériaux qui, elles, embauchent.

La bourse d’emplois créée par l’observatoire des métiers va aussi prendre un coup de neuf. Les centres de formation sont convenus qu’elle fonctionnait en vase clos, puisqu’ils restaient, individuellement, les principaux destinataires des besoins de recrutement locaux. L’Afifor va en faire une base de données “mutualisables”, où tout le monde pourra voir les offres, quelle que soit leur origine géographique.

Passerelles entre diplômes

Dans le même esprit, les centres vont adopter une ingénierie de formation commune pour jeter des passerelles entre les diplômes. « Elles existent déjà, fait remarquer Bernard Pineaux. Certains centres nous présentent, en admission parallèle, des étudiants de BTS avec une année d’expérience. » Mais ce tuilage des qualifications n’est pas prévu partout. En le devenant, les centres gagneront sur deux tableaux, espère Isabelle Margain : celui de l’attractivité (suscitée par la cohérence d’ensemble de l’offre de formation) et surtout des ressources financières. « Nous inciterons les entreprises à orienter leur taxe professionnelle vers les centres de formation », analyse la responsable de l’Afifor. La plupart des CFA souffrent en effet de la baisse continue des effectifs et du vide laissé par la suppression des BEP.

Les centres vont également développer la formation continue. « Ils deviendront des organismes de formation tout au long de la vie, capable d’accueillir des jeunes comme des adultes en perfectionnement ou en reconversion », précise Isabelle Margain.

L’intersecteur papiers-cartons semble disposé à cette série de mutations. Les fédérations professionnelles ont ouvert en 2012 un chantier CQP qui pourrait bientôt contrer les titres ministère du Travail de l’Afpa. Une autre conséquence attendue sera la concentration des organismes de formation. Notamment parmi la vingtaine d’organismes dédiés aux industries graphiques. L’essentiel, pour Bernard Pineaux, dont l’école délivre à elle seule près de la moitié des diplômes d’ingénieurs européens, est de préserver en France une « spécialisation approfondie » en génie papetier, devenue rarissime.

(1) AGFCPS Saint-Omer, AFI Mont Saint-Aignan, CFA Louis-Nicolas Robert, Centre de formation papetier de Gerardmer, École des métiers de l’imprimerie, Isip-Cifop, Esepac, Genoble INP-Pagora, Cité scolaire Gaston-Crampe.

(2)http://www.memepaspeur-afifor.com

L’ESSENTIEL

1 L’intersecteur du papier-carton a du mal à recruter, notamment du fait d’une image peu attractive.

2 Les partenaires sociaux et neuf organismes de formation ont créé une association pour faciliter les embauches. Une initiative novatrice soutenue financièrement par l’Opca 3+.

3 Cette démarche pourrait avoir à terme comme conséquence de concentrer les organismes de formation de ces branches.

Opca 3+ fera davantage pour les écoles engagées dans le sourcing des candidats

Deux Opca sont susceptibles d’adapter leurs politiques de prise en charge à l’effort de recrutement proposé aux organismes de formation : Opca 3+ (l’organisme regroupant les ex-Opca Opciba, Forcemat et l’historique Formapap pour les papiers-cartons) et Agefos CGM (industries graphiques).

Selon l’Afifor, seul Opca 3+ s’est déjà positionné en faveur d’un soutien des centres de formation, au moyen des fonds de l’alternance. Concrètement, la priorité sera donnée aux centres qui sont déjà habitués à prendre des apprentis, afin qu’ils accueillent des jeunes (et jeunes adultes en reconversion) engagés sous contrats de professionnalisation. Ce dispositif représente le plus gros volume des contrats par alternance, justifie-t-on à l’Afifor.

Il y a bien sûr une condition : que ces établissements affichent un plan d’actions répondant à la stratégie des partenaires sociaux. À savoir, que l’offre de formation soit innovante, qu’elle contribue à donner une image attractive des métiers, qu’elle intègre des actions de recrutement et qu’elle prévoit une optimisation des financements, telle qu’une mutualisation de son matériel pédagogique avec d’autres centres de formation.

S’agissant des contrats de professionnalisation, la prise en charge des coûts pédagogiques a été revue substantiellement à la hausse: de 12 euros/heure/stagiaire, le financement passe à 25 euros/heure/stagiaire.

Enfin, une troisième mesure a été engagée pour soutenir la démarche de certifications (de branche et interbranches): Opca 3+ vient de solliciter les fonds européens, qui seront destinés à l’ingénierie et aux coûts pédagogiques.

Auteur

  • LAURENT POILLOT