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Enquête

DE NOUVELLES AMBITIONS POUR LE TÉLÉTRAVAIL

Enquête | publié le : 10.09.2013 | E. F.

Le nouvel accord signé chez Orange devrait entraîner une progression du nombre de télétravailleurs. La CGC craint un développement du télétravail informel.

Orange compte actuellement 3 000 télétravailleurs signataires d’un avenant. « C’est peu », admet Christine Lanoë, directrice des ressources humaines d’Orange France, qui rappelle que, sur les 90 000 salariés de l’entreprise, par principe éligibles, 50 000 à 60 000 sont susceptibles de télétravailler. Les vendeurs en boutique et les techniciens qui interviennent sur les lignes sont évidemment exclus de cette organisation du travail. Mais le nombre de télétravailleurs pourrait progresser dans les années à venir.

Après un premier accord très apprécié sur le télétravail en 2009, Orange en a signé un deuxième en mai 2013, plus large, plus complet, plus ambitieux. « Ce nouvel accord doit permettre de développer nos ambitions dans ce domaine, d’améliorer les conditions de travail, de favoriser le développement durable, d’attirer des jeunes et d’incarner les solutions de communication modernes que nous proposons à nos clients », déclare Christine Lanoë.

Les signataires de 2013 (quatre syndicats sur cinq alors qu’ils étaient quatre sur six en 2009) ont introduit des nouveautés susceptibles de faire progresser le nombre de télétravailleurs.

Un volume mensuel de jours télétravaillés

Jusqu’à présent, le travail à distance, au domicile ou dans des bureaux de proximité, s’effectuait certains jours de la semaine inscrits en bonne et due forme dans l’avenant. Désormais, celui-ci peut prévoir un volume mensuel de jours télétravaillés. Ainsi, les salariés dont l’emploi du temps est fluctuant peuvent eux aussi devenir des travailleurs à distance officiels. « Il s’agit de lutter contre le télétravail gris », explique Christine Lanoë.

Par ailleurs, le télétravail devient accessible aux salariés à temps partiel, dont ceux qui approchent de la retraite et bénéficient du dispositif de temps partiel seniors. Compte tenu de la pyramide des âges d’Orange, ils devraient être « plusieurs milliers dans les prochaines années », selon Christine Lanoë. Enfin, le nouvel accord prévoit que les refus des demandes de télétravail « doivent être motivés et enregistrés », précise-t-elle. Ce qui permettra de savoir s’il y a beaucoup de refus de la part des managers, comme le pense la CFE-CGC, ou au contraire assez peu, comme la direction en a le sentiment.

À noter que les autres dispositifs favorables au travail à distance demeurent, comme le télétravail occasionnel (sans avenant), une « attention particulière » aux salariés confrontés à la fermeture de leur site, et la possibilité d’expérimenter la compatibilité d’un métier avec le télétravail.

Resserrage de boulons

Le nombre de salariés bénéficiaires devrait logiquement progresser, d’autant que tous ceux qui le pratiquent en sont satisfaits, ainsi que 90 % des managers, selon une enquête interne. Mais il y a un bémol. Francis Hamy, délégué CFE-CGC, ressent « un fort resserrage de boulons depuis l’arrivée de Free en 2012 ». Selon lui, le lancement de l’offre de Free, début 2012, a chamboulé le marché et fait baisser les résultats d’Orange, entraînant une crispation de l’entreprise. Il affirme que les cadres du service dans lequel il travaille (les commerciaux grands comptes) ont reçu un mail leur annonçant qu’ils pourraient moins télétravailler désormais. Il estime que, à cause de cette limitation, « le télétravail encadré par avenant ne va pas se développer » ; mais que comme, par ailleurs, l’attente reste forte de la part des salariés, « il va y avoir du télétravail gris et du télétravail occasionnel chez les cadres ». Christine Lanoë affirme ne pas être au courant de ce changement. « Ce n’est pas notre politique », déclare-t-elle.

QUESTIONS-RÉPONSES SUR LE TÉLÉTRAVAIL

Faut-il signer un accord de télétravail ?

La loi de mars 2012 ne dit rien à ce sujet, mais tous les experts préconisent de négocier le télétravail. « Ce qui n’est pas précisé dans l’accord risque de retomber sur le manager », argumente Laurent Mahieu, référent télétravail à la CFDT Cadres.

Faut-il indemniser les télétravailleurs et de combien ?

L’employeur est tenu de « prendre en charge tous les coûts découlant directement de l’exercice du télétravail », dit la loi du 22 mars 2012. Les accords d’entreprise prévoient donc des indemnités forfaitaires pour les télétravailleurs. « Attention à ce qu’elles ne soient pas considérées comme des avantages en nature », prévient Yves Lasfargue, directeur de l’Observatoire des conditions de travail et de l’ergostressie (Obergo). Les Urssaf ont par exemple jugé que les indemnités proposées par La Poste (120 euros pour les cadres supérieurs et 290 euros pour les employés) étaient conformes aux règles en vigueur, eu égard à leur montant modeste.

Qui assure la maintenance du matériel ?

L’employeur, répond la loi de 2012. « Les équipes de maintenance doivent aller de plus en plus loin en banlieue, commente Laurent Mahieu. C’est un enjeu qu’il faut bien mesurer. »

Quid des infractions aux règles de sécurité ?

L’employeur est tenu « d’informer le salarié de toute restriction à l’usage d’équipements ou outils informatiques ou de services de communication électronique et des sanctions en cas de non-respect de telles restrictions ». Cependant, les accords de télétravail ne précisent jamais ces sanctions. Pour Yves Lasfargue, « il faudra attendre le procès retentissant d’une entreprise ayant perdu des données importantes pour que les choses évoluent ».

Qui est éligible au télétravail ?

La loi ne dit rien à ce sujet. Les accords ouvrent en général le télétravail à tous les salariés autonomes. À Air liquide industrie, il est en outre réservé aux plus performants. « Attention au télétravail utilisé comme une récompense, prévient Laurent Mahieu. Il risque d’inciter le télétravailleur à surperformer ». Avec des conséquences sur sa charge de travail, dont l’entreprise doit également se préoccuper.

Comment fixer les plages de joignabilité ?

L’employeur a l’obligation de fixer, « en concertation » avec le salarié, « les plages horaires durant lesquelles il peut habituellement le contacter ». Laurent Mahieu relève qu’Areva a poussé jusqu’à faire figurer dans son accord une disposition sur l’exemplarité des managers, priés de ne pas envoyer de mails passé une certaine heure.

Retrouvez l’accord de télétravail d’Orange sur <www.wk-rh.fr> Entreprise & Carrières ; docuthèque.

ORANGE

• Activité : télécommunication.

• Effectif : 90 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 10 milliards d’euros en France.

Auteur

  • E. F.