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Enquête

DES SOUS-TRAITANTS INTÉGRÉS DANS LE PARCOURS DES APPRENTIS

Enquête | publié le : 03.09.2013 | É. S.

Le groupe de hautes technologies veut développer les parcours partagés d’apprentissage, qui permettent à certains alternants d’intégrer dans leur formation une expérience chez un sous-traitant. Une façon de favoriser leur employabilité tout en apportant des compétences aux PME.

Étudiant en génie industriel au CFA Ingénieurs 2000, Quentin a été recruté en apprentissage pour trois ans à Thales Avionics, à Vendôme, en septembre 2012. Mais entre décembre et février prochain, il sera mis à disposition chez un des sous-traitants de son employeur, le fabricant de cartes électroniques Tronico. Une expérience bientôt formalisée par la signature d’un parcours partagé d’apprentissage (PPA) qui contractualise ce détachement temporaire. « Nous avons identifié un thème commun, autour de l’optimisation des outillages, sur lequel va travailler Quentin. Et ce sera pour lui l’occasion de connaître une autre entreprise », explique Philippe Charpigny, le tuteur de Quentin, qui a fait le lien avec le sous-traitant.

Débouchés supplémentaires

Au sein du groupe Thales, ces PPA, qui consistent à former des apprentis conjointement avec des PME, sont amenés à se développer. Ils sont d’ailleurs inscrits dans l’accord d’anticipation de l’emploi d’avril 2013. L’objectif est « de développer l’employabilité des jeunes, en leur donnant l’opportunité d’effectuer des missions dans des PME, résume Florent Douty, responsable recrutement et mobilité France. Ce dispositif est d’autant plus attractif que le coût de l’alternant reste à la charge du groupe pendant toute la période du détachement ».

Même s’il n’y a pas d’engagement d’embauche du jeune par la PME à l’issue du contrat d’alternance, l’idée est bien de générer ce type d’opportunité. Aujourd’hui, 30 % des 1 300 alternants arrivant en fin de formation sont recrutés par Thales. Les PPA pourraient donc offrir des débouchés supplémentaires pour quelques-uns des 70 % restant.

Simples sur le papier, les parcours partagés ne sont pas si évidents à mettre en œuvre. Identifier les besoins en compétences des PME, trouver les jeunes prêts à tenter l’expérience… chaque parcours demande un travail sur mesure et de la pédagogie. « Il faut convaincre la hiérarchie de l’alternant de se séparer de lui quelques mois, souligne Jean-Luc Maletras, consultant à Géris, filiale de Thales chargée de ce travail de coordination. De leur côté, certaines PME se méfient du comportement des jeunes et préfèrent les accueillir à la fin de leur formation, une fois “dégrossis”. Néanmoins, les dirigeants que nous avons rencontrés en Ile-de-France se sont montrés plutôt intéressés. Nous sommes en discussion avec quatre PME. » Il espère voir bientôt la conclusion d’un parcours partagé avec une PME francilienne de 50 salariés pour un poste d’acheteur.

Respecter certaines conditions pour réussir

Représentante syndicale CGT à Thales Avionics et membre du groupe de travail sur l’évolution des compétences au Gifas, Francine Pierre soutient fermement ce dispositif. Mais, pour que cela fonctionne, « il faut respecter certains garde-fous, estime-t-elle. D’abord, être dans une filière en croissance, car il s’agit bien d’agir en faveur de l’emploi, pas de créer une forme d’apprentissage intérimaire. Ensuite, s’assurer que la PME soit réellement partie prenante de la formation du jeune et, enfin, vérifier la qualité du tutorat et des relations entre les deux maîtres d’apprentissage ». À Vendôme, Philippe Charpigny a prévu de contacter au moins une fois par semaine son homologue chez Tronico pendant le détachement de Quentin, et d’effectuer une visite sur place.

Pour l’instant, Thales ne se fixe pas d’objectifs chiffrés quant au nombre de PPA signés. Francine Pierre, de son côté, compte bien assurer leur promotion auprès des structures du Cnam, où elle est vice-présidente du conseil d’administration, et qui forme en alternance des ingénieurs en aérospatial.

THALES

• Activité : Équipements et systèmes de hautes technologies.

• Effectif : 34 000 salariés en France.

• Chiffre d’affaires 2012 : 14,2 milliards d’euros.

Auteur

  • É. S.