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Enquête

« Les employeurs sont peu préparés au dialogue social »

Enquête | publié le : 25.06.2013 | EMMANUEL FRANCK

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« Les employeurs sont peu préparés au dialogue social »

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

E & C : Les partenaires sociaux dans les entreprises sont-ils prêts à assumer les négociations dont ils peuvent ou doivent se saisir ?

P.-J. G. : La préparation au dialogue social concerne autant les syndicats que les directions. Or, celle dont bénéficient les employeurs est extrêmement faible. Qu’ils aient suivi ou non une formation supérieure, les chefs d’entreprise et les managers n’ont pratiquement jamais eu l’occasion d’entendre parler du dialogue social ni de le pratiquer.

Côté syndical, les choses sont un peu différentes. Depuis la réforme de la représentativité de 2008, toutes les organisations savent qu’il leur faut réinventer des parcours de formation pour leurs militants. Elles ont besoin de les faire monter en compétences pour négocier sur des sujets de plus en plus complexes, mais aussi d’en attirer de nouveaux, compte tenu notamment du nombre croissant de sujets soumis à la négociation d’entreprise. Cela suppose un effort de formation qui s’était un peu atténué depuis les années 1980, mais qui repart actuellement.

E & C : Les syndicats de salariés y sont-ils prêts politiquement ?

P.-J. G. : Toutes les confédérations ont pris position en faveur d’une négociation loyale intégrant les questions économiques, car elles savent qu’elles ne peuvent se contenter de discuter de ce qui se passe en aval des décisions prises en la matière.

Dans les entreprises, des négociations ont lieu tous les jours, dictées par le simple bon sens.

Je rappelle que, là où ils sont présents, les délégués CGT signent 84 % des accords qui se négocient, or, il s’agit du syndicat ayant la plus faible propension à signer. S’il arrive encore que des syndicalistes estiment que, « si le marché s’écroule, c’est le problème de la direction », cette attitude est de plus en plus rare.

E & C : À votre niveau, que faites-vous pour développer une culture du dialogue social dans les entreprises ?

P.-J. G. : Nous menons un programme visant à intégrer le dialogue social dans les formations des écoles et des universités. Nous avons ainsi animé un séminaire de deux jours sur ce sujet à l’école Centrale et plusieurs modules à l’ENA. Le bon accueil que nous réservent les directeurs d’école montre que les choses peuvent progresser assez vite.

Nous sommes également en train de préparer un livre consacré au dialogue social sur les questions économiques dans les entreprises, les branches… Il se construit avec l’ensemble des organisations syndicales d’employeurs et de salariés représentatives. C’est bien le signe d’une volonté partagée d’un dialogue social le plus en amont possible. Le problème, c’est la vitesse à laquelle cette culture se déploie. Il reste un gros travail à accomplir, notamment du côté des employeurs, encore peu préparés. Mais les choses bougent.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK