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Enquête

DES FORMATIONS MIXTES SYNDICATS-DIRECTION AVANT DE NÉGOCIER

Enquête | publié le : 25.06.2013 | N. L.

Le groupe pharmaceutique vient de mettre en place une formation commune aux représentants du personnel et à la direction, pour faciliter la négociation. Une expérience prometteuse.

Fin mars, une quinzaine de partenaires sociaux de Bayer Santé SAS ont suivi une formation sur le Perco, très atypique dans ses modalités. Profil des stagiaires, côté direction : la directrice des relations sociales et l’experte compensation & benefits ; côté syndicats, deux membres par organisation (six sont représentatives dans le groupe). Le matin, l’intervention du formateur choisi par la direction ; l’après-midi, celle du formateur choisi par l’intersyndicale. À l’arrivée, un sentiment de satisfaction largement partagé, avant d’entamer les négociations sur le Perco prévues à l’agenda social 2013.

Cadre légal

« Sans la formation, nous aurions fait des propositions n’entrant pas dans le cadre légal – comme l’abondement en fonction de l’âge – et nous aurions eu besoin d’allers-retours avec notre expert et notre avocat, assure Anne Aubry, déléguée centrale Unsa et secrétaire du CE. Le formateur que nous avons choisi nous a aussi suggéré quelques pistes intéressantes de négociation. » Par exemple, la possibilité d’une prime spécifique à l’ouverture du Perco. « Les visions externes des deux formateurs sur le cadre légal et sur quelques bonnes pratiques permettent de faciliter les négociations », juge Vanessa Popovitch, directrice des relations sociales (DRS).

Cette formation découle de l’application de l’accord sur le droit syndical et les IRP, signé en novembre. Il prévoit deux jours de formation paritaire par an sur deux thèmes de négociation définis dans l’agenda social.

Fin mai, direction et représentants syndicaux se sont retrouvés sur un deuxième thème, les organisations matricielles, en compagnie des secrétaires de CE et de CHSCT. Objectif : réfléchir aux impacts du nouvel organigramme programmé pour le 1er janvier 2014 (à l’issue d’une fusion de deux entités juridiques) et faisant l’objet d’une information-consultation. Avec, cette fois, un seul formateur, choisi par les organisations syndicales, la direction n’en ayant pas proposé. Le contenu est orienté sur la sociologie de l’entreprise et le jeu des acteurs, plus que sur les organisations matricielles, qui auraient supposé une connaissance précise de Bayer Santé.

Changements de posture

« On a compris des choses sur les rouages formels et informels de l’entreprise, sur les raisons de la fusion, sur les difficultés du management à distance, analyse Anne Aubry, de l’Unsa. On a oublié nos postures habituelles, mais c’est dommage que la DRS ait été toute seule, côté direction. » « Il aurait fallu que d’autres managers participent, membres du comité exécutif et managers de proximité, renchérit Corinne Maillot, DSC CGT. C’est avec eux que le dialogue est parfois difficile, pas avec la DRS. »

Pour Emilio Gonzales, DSC FO, « la frilosité est aujourd’hui dans le camp des managers ; beaucoup ont des a priori sur les syndicats et imaginent sans doute que participer à une telle formation sans être en position de chef serait une régression ». Vanessa Popovitch, pour la direction, reconnaît qu’il aurait été judicieux que le responsable du projet organisation matricielle puisse participer à la formation, mais « l’implication des managers et leur nombre dépend du thème abordé ».

Malgré ces bémols, le nouveau dispositif paritaire fait consensus. D’autant plus qu’il s’est déroulé dans un contexte sensible, marqué par deux projets importants de réorganisation et dans le cadre d’un agenda chargé. Pour l’améliorer, la DRS suggère de plancher davantage sur le contenu des formations, de mieux partager le cahier des charges entre partenaires sociaux, au-delà des thèmes retenus.

BAYER SANTÉ SAS

• Activité : industrie pharmaceutique.

• Effectifs : 835 salariés.

• Chiffre d’affaires : 465 millions d’euros.

Auteur

  • N. L.