Face au problème de la pauvreté, il est intéressant de voir les solutions que l’auteur, philosophe empiriste anglais – l’un des fondateurs du libéralisme –, préconisait en 1697, à l’occasion d’un rapport au ministère du Commerce est des Colonies, à une époque où le nombre de pauvres augmentant, les paroisses devaient faire face à une délinquance accrue et au problème de l’assistance aux nécessiteux.

Pour l’auteur, le travail est non seulement une nécessité, il est aussi un devoir moral. Et il est légitime d’y obliger, voire de châtier très sévèrement, par l’emprisonnement, le fouet ou la mutilation, quiconque cherche à s’y soustraire. Mais l’assistance aux nécessiteux est également une obligation morale à laquelle les citoyens ne sauraient échapper : tout le monde a droit à un toit, à pouvoir se nourrir et se chauffer. Les solutions préconisées – workhouses, maisons de correction, écoles de l’industrie pour les plus jeunes à partir de trois ans – montrent comment concilier ces deux exigences au moindre coût.

Nous sommes loin aujourd’hui de ces préconisations violentes, pourtant, l’obligation faite aux pauvres de travailler ne semble pas vraiment dépassée. On pourra s’amuser de retrouver dans ce petit texte les prémices de la grande contradiction qui traverse la société salariale actuelle : il n’y a pas de travail pour tous et la recherche de productivité exige que certains soient exclus de l’emploi, mais impossible cependant, au nom de la valeur travail qui structure notre société, d’autoriser les plus démunis à se la couler douce ! Un retour à Locke permet de mieux préciser l’articulation entre l’éthique et l’économique.

Que faire des pauvres ?

John Locke, PUF, 64 pages, 7 euros.