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Les sortants des grandes écoles résistent à la crise

Actualités | publié le : 25.06.2013 | ÉLODIE SARFATI

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Évolution des rémunérations à l’embauche en euros constants

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

L’insertion des jeunes diplômés sortant de grandes écoles pâtit des effets de la crise, que ce soit sur le taux d’emploi, l’accès à des CDI ou le salaire d’embauche. Elle affiche néanmoins des taux d’accès à l’emploi qui restent importants.

Rien d’alarmant, (r)assure la Conférence des grandes écoles (CGE), qui présentait le 19 juin une étude sur l’insertion professionnelle de ses diplômés : avec un taux d’emploi de 81,5 % au premier trimestre 2013*, les diplômés de la promotion 2012 affichent un niveau d’insertion certes moins bon que l’an dernier (84,9 %), mais toujours élevé. « Ce sont des chiffres enviables, supérieurs à ce qu’ils étaient il y a deux et trois ans, souligne Pierre Aliphat, délégué général de la CGE. Et la proportion des jeunes qui ont trouvé leur emploi avant l’obtention de leur diplôme ou dans les deux mois suivants (plus de 60 % de l’ensemble des jeunes diplômés, NDLR) reste remarquable. » Qui plus est, le marché du travail des cadres n’est guère propice aux premiers entrants : l’Apec prévoit un recul de 10 % à 25 % du nombre de recrutements de débutants en 2013.

École de management : un marché fragile

Dans le détail, ce sont les diplômés d’écoles de management qui subissent le plus les effets de la conjoncture : deux sur dix sont en recherche d’emploi au moment de l’enquête (13 % des ingénieurs). « Le marché est plus réactif pour cette population, à la hausse comme à la baisse, note Pierre Aliphat. Les entreprises recrutent massivement quand elles ont des besoins, et arrêtent de façon brutale quand la conjoncture n’est plus favorable. Elles investissent davantage dans la durée pour les ingénieurs, sans doute parce que le temps d’adaptation à leurs métiers est plus long. »

23 % des jeunes managers ont par ailleurs trouvé un emploi à l’étranger (12 % des ingénieurs). Une progression de cinq points en un an : ils sont désormais plus nombreux que les jeunes managers occupant un emploi en province. Fuite des cerveaux, effet de l’internationalisation des formations, recherche de salaires plus attractifs ? La CGE ne tranche pas. « C’est en tout cas une tendance lourde depuis plusieurs années », note Pierre Aliphat.

La conjoncture, pour sa part, a un effet sur la qualité de l’em– ploi. La part des CDI s’établit cette année à 76 % des emplois (-4 points). Les jeunes diplômés acceptent aussi plus souvent des postes de non-cadres. Là encore, les jeunes sortant d’écoles de management sont davantage concernés (78,3 % d’entre eux sont des cadres et 90,9 % des ingénieurs). Et sans surprise, les femmes sont plus nombreuses à voir leur emploi dévalorisé par rapport à leur diplôme : 85 % des ingénieures sont cadres et seulement trois quarts des femmes issues des autres grandes écoles. De même, 69 % des jeunes diplômées sont en CDI, pour 81 % des hommes.

Des rémunérations en baisse

La plus grande sensibilité des diplômés en management au marché du travail se voit également sur les salaires à l’embauche : alors que la rémunération brute annuelle hors primes (en France) des ingénieurs a augmenté en un an d’environ 1 000 euros, celle des managers, généralement plus élevée, a baissé dans les mêmes proportions. Du coup, ces deux populations déclarent désormais des niveaux très proches : 33 067 euros pour les ingénieurs, 33 152 euros pour les managers.

Reste que, sur le long terme, si l’on tient compte de l’inflation, la rémunération à l’embauche des jeunes diplômés n’a cessé de décroître, qu’ils soient managers ou ingénieurs, et ceci depuis les années 2000 (voir graphique ci-contre). Pierre Aliphat y voit l’effet de l’offre et de la demande, avec un accroissement des jeunes formés au niveau bac + 5.

Quant aux différences de salaires entre les hommes et les femmes, liées en partie à la féminisation des secteurs les moins rémunérateurs, elles s’aggravent avec le temps : hors primes, les femmes de la promotion 2012 embauchées en France gagnent environ 1 500 euros brut par an de moins que les hommes. Un écart qui monte à près de 2 900 euros pour les sortants de la promotion 2011…

* Calculé sur les jeunes en emploi ou en recherche d’emploi.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI