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Enquête

DES CANDIDATS FORMÉS SUR MESURE EN BRETAGNE

Enquête | publié le : 18.06.2013 | M. K.

Pour renforcer le lien entre l’offre et la demande, le Pacte Pen Breizh, initié par la SSII Proservia, vise à former 500 personnes en deux ans aux métiers du numérique.

Avec plus de 40 000 emplois, le numérique est le deuxième poumon économique de la Bretagne. Audiovisuel, électronique, télécoms, services informatiques en sont les principales activités. Mais les entreprises sont confrontées à un manque d’ingénieurs et de techniciens qualifiés en informatique. « À tel point que ces difficultés de recrutement menacent le développement des entreprises de la filière », souligne Renan L’Helgoualc’h, de l’agence Bretagne développement innovation (BDI). Selon l’enquête annuelle de Pôle emploi, 122 entreprises du numérique ne parviennent pas à pourvoir quelque 600 postes dans la région. Les ingénieurs ne sont pas assez nombreux et sont “happés” dès la sortie de l’école par les grandes entreprises de tous secteurs. Les techniciens, moins rares, ne sont pas toujours attirés par la filière : « Les SSII et les télécoms souffrent d’un déficit d’image et n’attirent plus les jeunes », constate Fabrice Chilou, chargé de développement à Pôle emploi.

Trop sélectif

De leur côté, poursuit-il, les employeurs se montrent sans doute trop sélectifs : « Les entreprises recherchent des profils tellement précis – à la fois jeunes, diplômés, expérimentés – qu’elles ne les trouvent pas, alors que nous avons 1 500 demandeurs d’emploi dans la filière numérique. » Le vivier existe donc : pour faire se rencontrer recruteurs et candidats, il faut, selon lui, que les premiers élargissent leurs critères de recrutement et que les seconds puissent mettre à jour leurs connaissances dans un secteur où les technologies évoluent si vite qu’elles sont rapidement obsolètes.

C’est ce que fait la SSII Proservia, filiale de ManpowerGroup, spécialisée dans l’infogérance, qui peine à trouver des techniciens pour son service d’assistance téléphonique. Elle recrute depuis longtemps des jeunes non diplômés et les forme en interne. En 2012, elle a voulu élargir cette initiative et l’inscrire dans une démarche collective à l’échelle régionale. Le Pacte Pen Breizh est né. Son objectif ? Organiser la formation et le recrutement de 500 personnes en deux ans dans la filière numérique. Les partenaires du projet sont Pôle emploi, le Fafiec, l’université Rennes 1, la région, l’agence BDI et la Direccte. « Le principe est simple : partir des besoins précis des entreprises pour former des candidats sur mesure, avec une embauche à la clé », explique Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup France.

Proservia et Orange, les deux entreprises pilotes, se sont engagées à recruter 30 techniciens help-desk, formés à l’assistance informatique par téléphone. Une formation ad hoc a été montée par Brigitte Cohen, responsable formation de Proservia et chef de projet Pen Breizh. Les contenus portent sur les technologies informatiques mais aussi sur le savoir-être, l’anglais, la bureautique. Le dispositif choisi est une POE de 400 heures sur trois mois, cofinancée par Pôle emploi et le Fafiec. Les candidats, de niveau bac à bac + 2, ont été présélectionnés par Pôle emploi puis recrutés par les deux employeurs en amont de la formation. Parmi les heureux élus, des demandeurs d’emploi ayant déjà travaillé dans le secteur, et des débutants. Les nouveaux embauchés seront suivis pendant deux ans pour que soit assurée leur intégration.

Désormais, le pacte Pen Breizh cherche à intégrer d’autres entreprises. Un questionnaire a été envoyé à 122 d’entre elles ayant des postes à pourvoir. « Pour concevoir les prochaines formations et coller au plus près des besoins, nous devons connaître les savoir-faire attendus, les spécificités métiers et la date de recrutement souhaitée », indique Brigitte Cohen.

Nouvelles sessions

Compte tenu des demandes, deux nouvelles sessions vont commencer en septembre pour former des développeurs (bac + 2 ou 3) et des chefs de projet (niveau ingénieur). « Cela permettra par exemple de reconvertir en quelques mois des ingénieurs d’autres spécialités – biochimie, physique – en chefs de projet informatique », précise Béatrice Abadie, du Fafiec.

L’ingénierie du projet nécessite maintenant un financement propre auquel réfléchissent le conseil régional, la Direccte et BDI. « Que les entreprises s’engagent à recruter et s’impliquent dans l’élaboration des formations est une approche nouvelle à encourager », conclut Renan L’Helgouac’h.

Auteur

  • M. K.