Se retrouver au chômage à l’occasion d’une fusion d’entreprises quand on est DRH, c’est rare, mais ce la arrive. Il faut commencer par se licencier soi-même en se convoquant à un entretien de licenciement, trouver un motif qui mette l’entreprise à l’abri d’un risque juridique… Et toutes les certitudes patiemment apprises au fil de la vie professionnelle deviennent autant de questions.

Pourquoi appeler plan de sauvetage de l’emploi un dispositif qui est en fait un plan de suppression d’emplois ? L’outplacement réputé être une chance pour le chômeur n’est-il pas d’abord une épreuve ? Pourquoi soumettre les candidats à l’emploi à des entretiens déstabilisants quand il serait nettement plus humain et plus efficace de les mettre à l’aise ? L’auteure passe soigneusement en revue les approximations et fausses évidences qu’elle pouvait dispenser aux autres quand elle était en fonction.

Avant de retrouver un emploi dans un grand groupe américain, après neuf mois de recherche (quand même !), la chronique de son expérience lui a servi à contrer l’effet dissolvant qu’une période de soi-disant non-activité peut avoir sur l’individu : perte de statut et d’identité sociale, perte d’interlocuteurs au quotidien, questionnement stérile sur ses motivations, son avenir etc. Jusqu’à ce qu’émerge l’ultime question de savoir toute simplement ce qu’il en est du désir de travailler.

Quand on sort de l’entreprise, a-t-on vraiment envie d’y retourner ? La réponse est positive pour l’auteure, qui se décrit comme aimant travailler, notamment pour l’exaltation de jongler entre les contraintes professionnelles et familiales. Mais on sent dans son propos passer l’ombre d’une hésitation bien propre à piéger des candidats moins bien trempés, voire moins bien armés pour retrouver un job.

Journal d’une quadra DRH au chômage

Soisic Navalo, éditions Demos, 136 pages, 17 euros.