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AllemagneCOMMENT SICK AG RÉDUIT LE STRESS DEPUIS HUIT ANS

Pratiques | International | publié le : 28.05.2013 | MARION LEO

Le fabricant de capteurs Sick AG est parvenu, en quelques années, à réduire significativement le stress au travail. Salué par IG Metall, un projet pilote lancé en 2005 a été étendu, en 2012, à l’ensemble de l’entreprise en Allemagne.

Selon le syndicat de la métallurgie IG Metall, d’ordinaire plutôt avare en compliments, la société Sick AG, un leader mondial des capteurs intelligents, employant 6 000 salariés dans le monde, dont 3 700 en Allemagne, mène une politique de prévention des risques psychosociaux tout simplement « exemplaire ». « L’entreprise de Waldkirch produit des capteurs qui réagissent de manière sensible aux bruits et aux mouvements, mais elle montre aussi comment réduire la pression au travail », atteste le puissant syndicat.

Selon Roberto Hernandez, président du comité central d’entreprise de ce groupe qui emploie 2 000 salariés à son siège à Waldkirch, en Bavière, tout a commencé par un conflit il y a dix ans. « Nous avions de plus en plus d’arrêts maladie liés à des causes psychiques. Manque de temps, surmenage, interruptions du travail trop fréquentes, il fallait faire quelque chose », se souvient-il. Mais à l’époque, la direction refusait, selon lui, d’établir un lien entre ces troubles psychiques et l’organisation du travail. « Pour elle, les gens ramenaient leurs problèmes de la maison au travail et non le contraire », poursuit Roberto Hernandez. Après deux ans de discussions, la direction et le CE se mettent pourtant d’accord et lancent un projet pilote en 1995, dans trois départements : développement, informatique et logistique. Première étape : tous les salariés concernés, soit 500 environ, sont informés du projet et invités à répondre à un questionnaire de 6 à 8 pages portant sur les conditions de travail et les risques psychosociaux qui en résultent. « Nous sommes l’une des rares entreprises en Allemagne à réaliser ces évaluations globales des risques », déclare à l’époque Rudolf Kast, ancien DRH de Sick AG.

Évaluation globale des risques

Les résultats de l’enquête, élaborée à l’aide d’une université, confirment les avertissements du CE. Les salariés se plaignent, avant tout, de la pression élevée, de délais de réalisation trop courts, du style de direction, mais aussi d’un manque de place et du bruit. Les résultats sont alors examinés par les salariés lors d’ateliers dédiés, et des solutions sont élaborées.

Pour réduire les sources de bruit, des cloisons à mi-hauteur sont érigées dans les bureaux paysagers. « Au sein d’un département, nous avons aussi convenu de ne plus passer de coups de fil internes de 8 heures à 10 heures. Pendant ce temps, nous ne recevons donc que des appels externes », explique Roberto Hernandez, ajoutant que les réunions ont désormais lieu en dehors des bureaux. Pour faire face au manque de place, un bâtiment annexe a été construit et les bureaux ont été vidés des dossiers encombrants. Pour lutter contre le surmenage, du personnel supplémentaire a été embauché.

Les salariés ont obtenu, par ailleurs, un droit de parole sur la durée et la date de remise des projets lors de leur phase d’élaboration. En production, le travail en équipe est également amélioré. « Les salariés n’ont pas le droit de travailler plus de quatre ans d’affilée en équipe de nuit. Ils doivent alors faire une pause d’un an en travail de jour », ajoute le président du CE. Enfin, les cadres suivent des formations spécifiques.

De réelles améliorations

Parallèlement, une procédure de suivi a été mise en place. Elle est assurée par un comité de pilotage, composé à parité par des représentants de la direction et du CE, mais aussi par des responsables volontaires. « Je suis très satisfait, se félicite Roberto Hernandez. Dans certains domaines nous avons obtenu de réelles améliorations, même si dans des secteurs, comme celui de la production, les progrès sont moins visibles. En tout état de cause, l’existence des RPS au travail est bel et bien reconnue. Les risques sont là et il faut rester vigilants en permanence. » Tel est aussi l’objectif de la direction : après la fin de la phase pilote, le projet a été étendu en janvier 2012 à l’ensemble de l’entreprise en Allemagne, à raison d’environ 600 salariés par an. En février 2013, SICK a été classé parmi les « meilleurs employeurs d’Allemagne » pour la… dixième fois consécutive.

Auteur

  • MARION LEO