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Enquête

L’OBLIGATION LÉGALE N’EST PAS JETÉE AUX ORTIES

Enquête | publié le : 28.05.2013 | L. G., L. P.

La fin de l’obligation légale fiscale de financement n’est pas un souhait majeur, mais certains proposent de rendre son suivi plus qualitatif.

« La défiscalisation ? Ce serait le seul point positif !, affirme un RF du secteur bancaire. Défiscaliser ne fera pas baisser le recours à la formation qui, chez nous, est perçue comme un investissement. L’imputabilité ne sert à rien. On ne monte pas un parcours de formation parce qu’il est imputable, mais parce qu’il est efficace. Le mix présentiel, accompagnement de terrain, e-learning et classes virtuelles : tous ces leviers sont importants pour toucher le plus grand nombre de collaborateurs. Si le dispositif que je retiens n’est pas intégralement imputable, je passe la partie qui ne l’est pas en coûts directs. »

Cet avis en faveur de la défiscalisation n’est pas unanime. « Je suis partagée, admet une autre RF du secteur bancaire. Supprimer la 2483, est-ce que ce ne serait pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Est-ce que ce ne serait pas condamner le RF à faire la preuve de l’intérêt d’une fonction formation ? Il devrait dans ce cas démontrer sa valeur ajoutée. Est-ce que cela ne va pas creuser les écarts entre les PME et les grandes entreprises ? »

Pondérer selon les moyens des entreprises

« Le 1,6 % obligatoire nous permet encore de disposer d’un budget, mais quid de la formation et du service formation s’il vient à disparaître ?, questionne un RF de la distribution industrielle. Les tensions économiques nous prouvent combien il est facile de rogner sur la formation… quitte à s’en mordre les doigts plus tard. » D’où l’idée de rendre le suivi de la dépense plus qualitatif. « Il est évident que, vu le contexte économique et la situation des entreprises, le fait de supprimer ou de baisser l’obligation en matière de formation sera perçu comme un moyen de faire des économies et/ou de survivre, analyse un RF du secteur industriel. À la limite, pourquoi pas ? Sinon, conditionner cette obligation à des niveaux de résultat pourrait être une façon de pondérer, en fonction des moyens dont disposent les entreprises. On ne peut exiger d’une entreprise qui perd de l’argent qu’elle forme autant qu’une autre qui en gagne. »

« Je pense que, dans la suite logique de l’intégration plus forte de la formation comme levier de développement des compétences, nous devons progresser dans la mesure de l’atteinte des résultats et du retour sur investissement, analyse une RF du secteur du commerce. Aujourd’hui, trop de directeurs considèrent la formation uniquement comme un coût et non comme un investissement d’avenir, et nous ne savons pas suffisamment argumenter du contraire. »

Justifier le retour sur investissement

« De véritables outils de gestion budgétaire seraient nécessaires puisque, comme pour tout budget, il nous est demandé de justifier le retour sur investissement de nos actions de formation, poursuit un RF d’une PME industrielle. On accepte que les tableaux de bord RH soient à base d’indicateurs parfois indirects pour le climat social ; il semble logique que la formation suive la même tendance. À mon sens, le reporting formation légal donne quelques chiffres clés, mais de nombreux autres facteurs peuvent être soulignés. »

Un avis repris par un autre RF du secteur bancaire, qui trouverait intéressant de définir une autre unité de compte. « DIF mis à part, l’obligation aujourd’hui ne se fait qu’en pourcentage de la masse salariale, c’est-à-dire en euros. D’où des problèmes ou certains abus. Traduire cette obligation en heures ou en nombre de personnes formées serait plus équitable et deviendrait un moyen de faire autant de formation, mais de façon peut-être plus économique et plus efficace. En clair : valoriser la formation au poste, l’e-learning et d’autres formes d’apprentissage, avec la nécessité de tracer ces formations. Un compteur formation pluriannuel pourrait ainsi s’apprécier sur plusieurs années : tout le monde n’a pas besoin de deux jours de formation tous les ans. Il permettrait d’avoir une vision de moyen terme de la montée en compétences et de faire le lien avec les accords GPEC. Sur deux ou trois ans, on atteindrait un seuil minimal mesurable en heures ou en nombre de personnes à former, plutôt qu’en euros. »

Auteur

  • L. G., L. P.