logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

MESURER L’ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE : VERS UNE MÉTHODE UNIVERSELLE ?

Pratiques | publié le : 16.04.2013 | MARIETTE KAMMERER

L’Oréal a testé le premier outil standardisé de diagnostic et de pilotage visant à réduire les écarts de genre : Edge.

La fondation suisse dénommée The gender equality project, proche du Forum économique mondial, et dont le but est la réduction des inégalités hommes-femmes en entreprises, a créé en 2011 une nouvelle méthode de diagnostic, ayant vocation à être appliquée partout dans le monde, comme un standard universel. En France, c’est le prestataire Alain Gavand Consultants, expert dans ce domaine, qui a été choisi en décembre 2012 par la fondation pour déployer l’outil auprès des entreprises souhaitant l’utiliser. En phase de déploiement dans 18 pays et sur quatre continents, la méthode Edge* a déjà séduit en France une quinzaine de grandes entreprises de plus de 500 salariés.

Critères objectifs et standardisés

L’Oréal, en pointe sur ce sujet, a accepté avec quel ? ques autres (Coca-Cola, Novartis, Alcatel) de tester l’outil dans sa phase d’élaboration, en 2010. Que permet cet outil ? « De visualiser les écarts de situations entre hommes et femmes, d’apprécier les résultats de sa politique égalité, de définir un plan d’action et, enfin, de comparer ses résultats à ceux d’autres entreprises », résume Rachid Bensahnoune, DRH en charge des diversités à l’international à L’Oréal.

La méthode comprend trois volets, dont le premier est une analyse statistique d’une trentaine d’indicateurs que l’entreprise doit renseigner via un formulaire informatisé. Les indicateurs portent sur cinq domaines : rémunération, recrutement, promotion et formation, conciliation entre les vies professionnelles et familiales, et valeurs liées à la culture d’entreprise. La démarche est complétée par une enquête de perception des salariés sur la politique de mixité de l’entreprise dans les cinq domaines précités et, enfin, par un questionnaire adressé aux DRH et aux managers sur les mesures mises en place pour favoriser l’égalité. « C’est le premier outil qui balaye tous les aspects du problème en croisant données statistiques et perception des salariés, souligne Alain Gavand. Il définit un standard universel, avec trois niveaux de performance, sur la base de critères objectifs et standardisés, qui permettent aux entreprises de se benchmarker. » En amont, le prestataire forme l’entreprise à l’outil informatique et la conseille sur le périmètre à auditer et les acteurs à mobiliser. Ensuite, il lui restitue une analyse détaillée des résultats et propose des ateliers avec différentes parties prenantes – comité de direction, IRP, réseau de femmes, filiales – pour définir des plans d’action adaptés visant à faire progresser la parité. Le coût moyen de la prestation est de 30 000 à 50 000 euros.

Rapport complet en deux mois

L’Oréal, conquis par la méthode, souhaite l’utiliser dans sept filiales étrangères et autant de pays. « Edge est un vrai outil de pilotage, il nous permettra de comparer nos filiales et de mettre en place des actions correctrices, explique Rachid Bensahnoune. L’outil est simple et rapide à utiliser, il mobilise une à deux personnes, et permet en deux mois d’avoir un rapport complet sur la situation, sans faire appel à un auditeur extérieur ou à un certificateur local. »

Comités de talents féminisés

Suite au diagnostic réalisé en 2010 sur un échantillon représentatif, qui confirmait globalement un très bon niveau de performance en matière d’égalité hommes-femmes et une bonne perception des salariés, L’Oréal a travaillé sur quelques points faibles, notamment la rareté des femmes au comité exécutif (21 %) alors qu’elles représentent 63 % de l’effectif global : « Nous avons féminisé nos comités de talents et développé le mentorat, ajoute Rachid Bensahnoune. Nous avons également réduit les écarts de rémunération qui, de 6 % en 2010, sont passés à 4 % aujourd’hui. »

* Economic dividends for gender equality.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER