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ItalieLES PERMANENTS DE LA CGIL ONT BESOIN D’AIDE POUR RÉSISTER AU STRESS

Pratiques | International | publié le : 16.04.2013 | ANNE LE NIR

L’apprentissage de la gestion du stress est devenu une nécessité pour les permanents de la CGIL, la plus grande centrale syndicale. Le programme destiné aux syndicalistes d’un centre turinois d’aide aux travailleurs et retraités pourrait s’étendre.

Pour la seule année 2012, 35 000 emplois ont été supprimés dans l’industrie manufacturière et 21 000 emplois tertiaires ont disparu dans le Piémont, région d’Italie la plus fortement touchée par la crise. Les travailleurs précaires et chômeurs sont de plus en plus nombreux à frapper à la porte du siège turinois de l’Inca, Institut national confédéral d’assistance. Il s’agit d’un organisme fondé en 1945 par la CGIL (équivalent italien de la CGT), auquel tous les publics peuvent s’adresser pour faire valoir leurs droits et être aidés gratuitement dans leurs démarches administratives. « En 2012 notre bureau à Turin a accueilli 150 000 personnes, soit trois fois plus qu’en 2010 et, parmi ces dernières, la plupart se sont retrouvées pauvres du jour au lendemain », relève Donata Canta, secrétaire générale de l’Inca à Turin. Et de poursuivre : « S’imprégner de l’histoire de chacun, des drames familiaux, est extrêmement difficile. Nous avons constaté que le personnel souffrait d’anxiété, d’insomnies, et ne parvenait plus à ériger un mur entre la sphère du travail celle de la vie privée. »

D’où l’idée d’instituer un programme de soutien psychologique pour les 35 permanents syndicalistes du bureau de Turin, majoritairement des mères de famille quadragénaires.

Parcours de formation

Donata Canta précise que ce programme s’intègre dans le parcours de formation continue : « Notre objectif vise d’une part à faciliter le travail, en formant le personnel sur les nouvelles procédures informatiques, car désormais, tous les dossiers que nous préparons – 47 000 en 2012 – pour des demandes d’aide sociale, de retraite ou allocations chômage, sont informatisés. Il vise d’autre part à expliquer aux salariés les nouvelles directives, dont certaines changent tous les trois mois, afin de mieux orienter les gens dans la jungle bureaucratique. À ces sessions, nous avons donc ajouté un stage de gestion du stress. »

En février, par groupe de dix, l’ensemble du personnel a participé à un premier stage de trois jours, fondé sur des techniques comportementalistes et animé par un psychothérapeute, enseignant en psychologie de l’éducation à l’université de Parme. Selon Francesco Latona, un responsable turinois, tous les travailleurs affirment se sentir en mesure de mieux gérer les conflits et leur stress personnel.

« La crise socio-économique que traverse l’Italie est la plus grave depuis l’après-guerre et elle est particulièrement anxiogène, poursuit-il. Au cours des dernières années, le profil des personnes qui demandent notre assistance a changé. Nous accueillons beaucoup plus de gens issus de la classe moyenne, qui, malgré leur solide compétence professionnelle, n’ont plus l’espoir de retrouver un travail et sont en fin de droit de chômage. Or ils cherchent des solutions qui n’existent pas. Ne pas pouvoir répondre à des demandes vitales entraîne une grande souffrance, on rentre chez soi avec le poids d’une impuissance qui n’est pas la nôtre, mais celle de l’État, de la politique. »

Carence en amortisseurs sociaux

Pour ce responsable, la gestion du stress de ces syndicalistes est devenue une véritable urgence. Un impératif reconnu par la leader de la CGIL Susanna Camusso, qui souhaite étendre l’expérience turinoise à l’échelle nationale. La centrale compte 170 000 adhérents dans l’agglomération de Turin et 6 millions à l’échelle nationale. Les syndicalistes, dont le rôle demeure très important en Italie, sont mis à rude épreuve en raison de la carence en amortisseurs sociaux dans ce pays où le taux national de chômage a grimpé à 11,3 % (37,8 % pour les 15-23 ans). « Quel qu’il soit, le prochain gouvernement devra placer au centre de ses priorités l’institution d’un revenu minimum, à l’image du RSA français, estime Francesco Latona. Une telle aide est devenue cruciale pour redonner un sursaut d’espoir et de dignité aux plus démunis. »

Auteur

  • ANNE LE NIR