L’étude sur l’évolution professionnelle des femmes, que le CAS a rendu publique la semaine dernière, ne voulait pas être une énième dénonciation du plafond de verre. « Les faits sont là : la situation des femmes ne progresse pas beaucoup. Pour avancer, nous avons choisi d’analyser le verre à moitié plein, plutôt que le verre à moitié vide », indique Véronique Deprez Boudier, chef du service emploi. En interrogeant 45 femmes de pouvoir, qu’elles soient dans les comités exécutifs, les comités de direction ou à un poste de direction opérationnelle ou fonctionnelle dans des entreprises privées, le CAS met en exergue des pistes destinées à aiguiller les politiques publiques.

L’étude confirme tout d’abord que les très grandes écoles au caractère élitiste restent le sésame qui permet d’accéder aux plus hautes fonctions. Sans surprise, leur accès reste l’apanage de femmes issues des milieux les plus favorisés culturellement et socialement. Ces formations permettent « de poursuivre une carrière balisée, dans de grandes entreprises structurées pour faciliter le parcours des femmes – et parfois même désireuses de l’accélérer », note Véronique Deprez Boudier. À noter que 16 grandes entreprises se sont engagées, la semaine dernière, auprès du ministère des Droits des femmes, sur des objectifs chiffrés de femmes dans leurs instances dirigeantes.

Plus révélatrice d’une tendance récente, l’étude identifie chez d’autres dirigeantes des trajectoires parallèles qui s’affranchissent des sacro-saints diplômes d’excellence. Des stratégies de parcours individuels qu’adoptent souvent des femmes issues de milieux plus modestes et titulaires de diplômes universitaires. Leur méthode de contournement consiste alors à rechercher de la visibilité, que ce soit en acceptant de se risquer sur des projets d’envergure, en accumulant des compétences expertes ou en changeant régulièrement de poste ou d’entreprise pour acquérir une vision transversale de l’organisation.

Mais les auteurs de l’étude, réalisée par le cabinet Plein Sens, sont allés plus loin. Ils ont observé qu’en amont de la trajectoire professionnelle, les trajectoires familiales sont déterminantes. Avoir des conditions matérielles suffisantes et des relations sociales aisées donne souvent accès à un Graal peu identifié : la confiance en soi. Dans l’étude, celles qui ont “réussi” ont évoqué le rôle structurant des parents et des enseignants qui, dès l’enfance, les ont soutenues et encouragées. Elles ont « osé » prétendre à un poste élevé, demander une augmentation, prendre des risques. Des codes classiques de l’avancée de tous les salariés, mais auxquels les femmes ont encore trop timidement recours.