La méritocratie semble une valeur consensuelle au-delà des divergences de classes, de tempérament, d’opinions politiques. Toute condition sociale, toute aide publique, toute rémunération ou presque deviennent justes aux yeux de nos concitoyens pour autant qu’elles soient méritées.
Notre société croit au mérite comme au Saint-Graal. Il s’agit là du principe même de la cohésion sociale en ce que s’y noue notre sens de l’équité, au fondement de notre société depuis la Révolution française.
Pourtant, si cette société, en ce début du 21e siècle, est à l’évidence plus ouverte qu’au siècle précédent par exemple, la redistribution des chances sociales selon le principe du mérite a tendance à régresser depuis les années 1980. Dans un contexte d’hyperconcurrence entre les individus, l’école, qui devait assurer un accès égal de tous à la formation, est paradoxalement devenue le fer de lance de la reproduction des inégalités. La France accorde une place démesurée au diplôme obtenu à l’issue de la formation initiale, alors que la compétition est biaisée au départ tant l’origine sociale pèse sur les cursus et les résultats scolaires.
Pour l’auteur, maître de conférences en sociologie à l’université Paris 8, spécialiste de la mobilité sociale, pour rompre avec l’élitisme qui cantonne chacun dans un destin fixé au berceau par son appartenance sociale – à de rares exceptions près –, il est indispensable de revoir les critères de sélection au cours de la formation initiale et de mettre enfin en place un vrai dispositif de formation tout au long de la vie.
Le Destin au berceau
Camille Peugny, Seuil, 128 pages, 11,80 euros.
