Le visage couvert d’un masque blanc, ils ont réussi à faire entendre leur voix dans les médias et à peser dans les discours politiques sur l’emploi des jeunes. Les stagiaires de Génération précaire peuvent se féliciter d’avoir fait avancer la cause de cette population ignorée par le droit du travail. Les stagiaires représentent depuis longtemps une main-d’œuvre compétente, corvéable et gratuite. Mais, depuis les premières actions de Génération précaire en 2005, la donne a un peu changé, d’abord avec la loi Cherpion de 2010. Aujourd’hui, c’est la ministre de l’Enseignement supérieur qui engage des pistes d’amélioration de leur statut. Certaines entreprises n’ont pas attendu ces promesses. Elles considèrent à juste titre que, malgré leur manque d’expérience, ces jeunes “prêts à l’emploi” – formés et motivés – constituent un vivier non négligeable pour répondre à leurs besoins de recrutement sur des métiers en tension. Celles-là formalisent désormais l’encadrement de leurs stagiaires : un tuteur pour accompagner leurs premiers pas, des formations spécifiques, une journée d’intégration… rien n’est laissé au hasard quand il s’agit de transformer le stage en démarche de pré-embauche. D’autant que des stagiaires bien traités sont de futures recrues qui s’inséreront mieux. Quant aux autres entreprises, elles courent le risque de voir leur image écornée par des jeunes qui, de retour dans leurs amphis, ne manqueront pas de les discréditer…