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Enquête

UNE ACTION PAR PALIERS SUR LES POSTES LOURDS

Enquête | publié le : 19.03.2013 | CHRISTIAN ROBISCHON

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UNE ACTION PAR PALIERS SUR LES POSTES LOURDS

Crédit photo CHRISTIAN ROBISCHON

Le leader du mobilier de bureau a placé la prévention et la gestion des risques TMS de plus en plus en amont de son activité, jusqu’à la conception des produits.

Steelcase vit actuellement le troisième temps de sa politique de gestion des risques TMS. « La première phase de 2004 à 2007, contemporaine de l’introduction du lean, était à dominante corrective, elle a créé la fonction d’ergonome interne. La seconde de 2007 à 2010 nous a fait rentrer plus nettement dans le préventif en remontant le sujet TMS au stade de la conception des postes de travail, en association avec les salariés. Un système mécanique de manipulation vient par exemple soulager le port de charge, décrit Christophe Brunschwiller, responsable santé-sécurité au travail de Steelcase Europe. L’actuelle troisième étape intervient encore plus en amont: elle intègre les impacts ergonomiques dès la conception des produits. » Ainsi, pour son plus récent siège, Steelcase est parvenu à supprimer une partie des opérations d’agrafage, sources de fortes vibrations et de postures à risque.

La troisième étape a également créé des “postes blancs”, qui réduisent le nombre d’actions à effectuer à la minute et ménagent une demi-heure cumulée par jour de mini-pauses spécifiques. Une bonne solution pour les seniors ou les salariés de retour après une longue absence, selon Steelcase.

“Postes blancs”

L’application reste pour l’heure symbolique: un seul cas dans chacune des deux usines françaises de Sarrebourg et Wisches, en raison du « défi organisationnel » de l’aménagement de tels postes déconnectés du reste de la ligne, dit l’entreprise. Elle annonce viser l’installation de six postes par usine en 2015.

Les “postes blancs” se rangent parmi les “postes légers”, catégorie issue il y a quelques années d’une classification en quatre catégories spécifique à Steelcase: du poste léger (effort de traction et port de charge inférieurs ou égaux à 5 kg) jusqu’aux très lourds (15 kg). « Notre grille spécifique répond à nos problématiques premières: le poids des manutentions, la posture et leurs conséquences sur le dos et les épaules », ajoute-t-il. « Les postes légers montent en importance. Ils représentent au moins 20 % pour la fabrication des nouveaux produits. À Sarrebourg, leur proportion dans toute l’usine est passée en sept ans de 3 % à 12 %, et de 17 % à 63 % en ajoutant les moyens », annonce Alfredo Llado, ergonome groupe.

Autre initiative récente: le développement des rotations, permettant d’alterner dans la même journée postes lourds et plus légers et de limiter la répétitivité des gestes. Ces différentes actions répondent, selon la direction, à l’enjeu du vieillissement des effectifs. La moyenne d’âge des opérateurs atteint 48 ans.

Des syndicats peu convaincus

Steelcase souligne s’être appuyé systématiquement sur des outils conçus soit par l’Association pour la prévention et l’amélioration des conditions de travail (Apact), qui couvre le secteur de la métallurgie, la Carsat Alsace-Moselle (Cap TMS, un outil d’évaluation du risque TMS du membre supérieur en phase de conception de poste) ou encore l’INRS (référentiel postes blancs) pour « apporter la crédibilité vis-à-vis des partenaires sociaux ». Cela n’a pas emporté la conviction des intéressés. Tout en reconnaissant la volonté d’agir de l’entreprise, les syndicats l’estiment mal ciblée et annihilée par les objectifs de productivité. « Les actions s’arrêtent à l’assemblage des produits sans se prolonger vers la logistique, secteur à hauts risques TMS. Elles ciblent les lignes de production nécessitant peu d’améliorations, les autres sont laissées à la traîne. Les rotations arrivent dix ans trop tard, les pathologies sont là », commente Bruno Pannekoecke, délégué central CGT, qui indique « ne pas voir » de concertation avec les CHSCT.

Problème de population vieillissante

« Le nœud du problème, c’est la population vieillissante. Résultat, on met des intérimaires sur les postes lourds jusqu’à ce qu’ils soient usés », renchérit Serge Fenus (CFDT). Des statistiques claires sur les personnes en restriction permettraient de départager les points de vue. Mais, pour expliquer leur absence, Steelcase invoque un changement récent d’organisation de sa médecine du travail.

Le taux de fréquence, lui, est annoncé précisément comme étant passé de 22,5 en 2010 à 17 en 2012. Les délégués syndicaux annoncent environ 40 % d’opérateurs « en observation ou en restriction médicale » à Wisches. Soit, selon Bruno Pannekoecke, « 88 personnes touchées en 2011 ».

STEELCASE

• Activité : fabrication de mobilier de bureau.

• Effectifs : 10 000 salariés dans le monde, dont 1 000 en France (425 à Sarrebourg et 290 à Wisches).

• Chiffre d’affaires 2012 : 2,75 milliards de dollars dans le monde, 231,5 millions d’euros en France.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON