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Enquête

FORMER LES SALARIÉS ET IMPLIQUER LES CLIENTS

Enquête | publié le : 19.03.2013 | V. L.

Les TMS représentent à eux seuls presque la totalité des maladies professionnelles du secteur de la propreté. Pour lutter contre ce fléau, il s’est doté d’un programme ambitieux reposant à la fois sur la formation des salariés et sur l’implication des donneurs d’ordre.

« Depuis deux ans, nous avons décidé de mener une politique volontariste afin de stabiliser, voire de diminuer le nombre de TMS en aidant les entreprises du secteur de la propreté à construire des démarches d’amélioration continue », affirme Betty Vadeboin, chef de projet prévention de la santé au travail au Fare (Fonds d’action pour la réinsertion et l’emploi), opérateur de la Fédération des entreprises de propreté et services associés (FEP). Le volontarisme n’est pas superflu quand les TMS représentent 96 % des maladies professionnelles du secteur. Plus de 1 300 TMS ont été déclarés en 2011.

La démarche se devait de répondre aux spécificités du secteur. Les agents de propreté exercent leur activité chez les clients, ce qui rend difficile toute intervention sur les conditions de travail. Mais la Fédération des entreprises de propreté a décidé d’agir en direction des donneurs d’ordre et des concepteurs de locaux. Elle a rédigé deux guides pratiques à leur intention. « Nous avons suggéré aux entreprises d’associer leurs clients aux plans d’action, explique Betty Vadeboin. Elles ont d’abord été frileuses, mais nous avons insisté pour les convaincre de l’intérêt des clients à agir. Ils peuvent en tirer un bénéfice en termes d’image et en faire un argument commercial. » Ce type d’initiative s’avère aussi un atout pour fidéliser les agents de propreté au chantier et obtenir une meilleure prestation.

Sensibiliser les architectes

Résultat, lors de la première année de déploiement : dans plus de 50 % des plans d’action, le client a été associé à la démarche. De plus, l’analyse des actions a permis de constater que 75 % étaient liées à l’organisation et 55 % portaient sur des solutions techniques ou matérielles, les deux types de réponses pouvant se cumuler.

Autre cible importante du programme de prévention : les concepteurs des bâtiments. « Nous avons travaillé avec un groupe d’experts, l’ordre des architectes, l’Arseg*, et avec les donneurs d’ordre, afin de sensibiliser les architectes à la prise en compte des conditions de travail des agents qui nettoieront les bâtiments. Nous avons montré que certains choix coûteux peuvent être remplacés par des solutions pas forcément plus onéreuses mais plus favorables au confort de travail », expose Betty Vadeboin.

En outre, la FEP a mis en place un programme complet de formation-action, qui s’inscrit dans sa démarche de développement durable. Il s’étale sur six à sept mois, et concerne toute la hiérarchie de l’entreprise et la dote d’une compétence en prévention (lire aussi Entreprise & Carrières n° 1131). Les dirigeants suivent ainsi des ateliers TMS d’une journée. Les animateurs disposent de cinq jours de formation, les agents et chefs d’équipe de trois jours.

Trois demi-journées d’accompagnement sont animées par un consultant ergonome qui intervient pour vérifier que ce qui a été enseigné en collectif est bien compris. « Nous nous assurons de l’évaluation des formations et nous vérifions la mise en place des plans d’action », insiste la responsable. Les agents de propreté et l’encadrement intermédiaire ont la possibilité d’obtenir un certificat de prévention secours propre au secteur, reconnu par l’INRS.

Programme à un double niveau

Ce programme se déploie à un double niveau : national et régional. Un comité de pilotage national comprend des représentants des entreprises, les opérateurs de la branche et des partenaires comme la Cnam et l’INRS. Au niveau régional, le programme est suivi par les Carsat, les Aract, les services de santé au travail et les Direccte. Près de 400 000 euros par an sont débloqués. La branche prend en charge 60 % du budget global et les 40% restants bénéficient d’un cofinancement Cnamts-Medef et d’aides régionales de partenaires institutionnels.

D’ores et déjà, 176 entreprises (y compris les grands groupes ayant orchestré des démarches en interne) représentant environ 55 000 salariés ont été accompagnées, et 133 animateurs de prévention ont été certifiés. Afin de mutualiser les bonnes pratiques et d’obtenir un retour d’expérience des entreprises, dix-sept ateliers de prévention sont prévus sur l’année 2013 en région.

* Arseg : Association des directeurs de l’environnement de travail.

SECTEUR DE LA PROPRETÉ

• Activité : 19 600 entreprisesen France.

• Effectif : 428 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 11 milliards d’euros.

Auteur

  • V. L.